Mohamed dubois - 0/10

Un film de Ernesto Ona (2013 - France) avec Eric Judor, Sabrina Ouazani, Youssef Hajdi, Mhamed Arezki, Wahid Bouzidi, Marie Kremer

Oh la la... quelle médiocrité !

L'histoire : Arnaud Dubois, ainsi que son nom ne l'indique pas, est d'ascendance tunisienne. Il vient de l'apprendre... il est un enfant illégitime, né de la liaison de sa mère avec un prof de tennis à Djerba. Elle s'est ensuite mariée avec un banquier blanc et riche, et le petit Arnaud a grandi dans le luxe et l'opulence. Mais cette soudaine révélation de son ascendance tunisienne le titille et comme il est en révolte contre ce père qui ne manque pas une occasion de lui rappeler qu'il lui doit tout... il décide de vivre sa vie à lui et de montrer qu'il n'a besoin de personne. Il essaie d'entrer en relations avec des musulmans, mais lorsqu'il dit son nom, tout le monde éclate de rire... ou détourne le regard : il n'appartient pas à leur communauté. Alors il dit qu'il s'appelle Mohamed et tout va beaucoup mieux...

Mon avis : Le titre... Eric Judor... ça fait peur, hein ? Mais moins j'aime bien Eric & Ramzy, alors j'avais un petit espoir. Tout petit, certes, vu le reste du casting et le pitch, plus un réalisateur inconnu, plus le trou noir dans ma tête concernant de quelconques critiques, bandes annonces, promo... Moi, j'étais limite décidée à regarder l'équipe de France sur TF1, mais mon homme a voulu tenter, en se disant qu'on zapperait sur les Bleus si c'était trop nul.

Sauf qu'on s'est moitié endormi devant le film ! De fil en aiguille, on est allé jusqu'au bout. Heureusement, il n'était pas trop long et on a quand même pu voir nos petits camarades triompher avec panache sur la croix helvète ! Quand je pense qu'on s'est tapé ce film crétin, le match devait être autrement plus intéressant vu le nombre de buts !

Bref.

Mohamed Dubois, ça part d'un bon sentiment. On dénonce racisme et communautarisme avec une pirouette : le petit reubeu s'appelle Arnaud Dubois et avec un nom pareil, il est totalement méprisé par la gent musulmane dans laquelle il voudrait s'intégrer pour séduire l'objet de ses voeux, la jolie Sabrina. Jusqu'à adopter un prénom et un nom à consonance arabe pour pouvoir cette fois être accueilli à bras ouverts. Il y avait de quoi faire quelque chose de drôle et d'impertinent.

Mais, premier problème, le film tombe dans son propre piège et nous offre un festival de clichés sur les Arabes et les musulmans (et les blancs, forcément riches et racistes) : le kebab, les dealers, la cité, la virginité, les grands frères, les boîtes réservées aux Arabes, etc. etc. etc. Et il y a même le contre-cliché : la jeune arabe fliquette ! Celui qui prend ça au premier degré peut se faire un petit lexique des us et coutumes de ces sales bougnoules et prendre sa carte du FN. Horrible.

Bien sûr, ils se moquent d'eux-mêmes et il faut prendre ça au deuxième degré mais, deuxième problème, les blagues ne font pas rire, les gags semblent morts-nés, et seul ce fond stéréotypé demeure à l'esprit. Tout cela est d'une ânerie...

Et puis Eric Judor, j'avais du mal à le prendre pour un arabe, même métis... un comble. Il est en fait antillais par son père, et ça se voit. Je l'ai toujours pris pour ce qu'il était : un métis black, pas arabe. Tout ça n'est pas très grave sur le fond, car on se fout des ethnies d'origine de chacun... mais ça prouve  bien le côté pervers du film : on accentue la différenciation et on se met à réfléchir sur les particularités physiques autant que culturelles ! Horrible, je vous dis ! 

Pour résumer, voici un commentaire des Inrocks : "Il y avait ici un concept potentiellement délirant et subversif (...), qu’Ernesto Oña neutralise peu à peu pour dérouler une banale comédie potache, informe et poussive."

Un mauvais remake de La vérité si je mens ! version musulmane. Le premier était hautement parodique et drôle, celui-ci est trop près du réalisme cliché, sans humour, et il fait plus peur que rigoler.

A fuir.