Hum, je reprends : Emile est un poulpe qui sauve la vie d'un homme, devient une célébrité comme maître baigneur, vient en aide à la police des douanes avant de se décider à retourner vivre dans les profondeurs. Le dessin est tout à fait dans un style Sempé, et les couleurs vert caca et orange rouillée s'appliquent très joliment en aquarelle. Mais alors quel ennui ces histoires de police et de mitraillettes...
Mais c'est avec Otto que le talent de Tomi Ungerer touche véritablement au génie. Sous-titrée Autobiographie d'un ours en peluche, cette histoire permet à l'auteur de faire le point sur la Deuxième Guerre mondiale, en se servant sinon de souvenirs personnels ou familiaux, comme l'avait fait Art Spiegelman dans Maus, tout au moins de choses ressenties, enfouies puis transformées dans la fiction. Otto est cet ours en peluche qui occupe toute la couverture, nous regarde de son air triste, le cœur mal recousu. Il a une tache d'encre violette sur la tête qui ne s'en va pas, souvenir des jeux de deux gamins ; l'un était juif et l'autre pas. David, à qui Otto est offert dans la fin des années 30, est déporté avec ses parents en camp de concentration. Otto, en véritable pantin transbahuté par les événements, passe de mains en mains, jusqu'à arriver dans la vitrine d'un antiquaire, d'où il vous lance ce regard.
Le temps d'où Otto nous raconte sa vie et ses heurts, c'est celui de l'éternel présent. Otto a tout vu mais reste ignorant des yeux et du cœur. Blessé et portant des cicatrices, il ne sait pas que l'homme est mauvais.
3 volumes réédités aux éd. L'école des loisirs - 5,50 € chaque
http://fr.wikipedia.org/wiki/Tomi_Ungerer