En anglais, un titre sonne tout de suite mieux qu'en français. Slugs Attack ! ça fait penser à Tim Burton avec Mars Attack ! Alors que "L'attaque des limaces " ... quoique "La métamorphose des cloportes" était plutôt un très bon film.
Il y a 30-40 ans, la défense du jardin contre la limace était très simple. En 1961 dans le livre "Fleurs Fruits Légumes" de J.M. Duvernay et A. Perrichon, il est conseillé de "déposer tous les 50 cm des petits tas de son imprégéné de métaldéhyde". En 1967, Raymond Dumay dans son "Guide du Jardin" considère que sa "destruction ne pose guère de problèmes, car on trouve dans le commerce de nombreux produits efficaces". En 1975, Othilie Bailly avec "Le jardinier du Dimanche" est encore plus catégorique : "il n'y a qu'un seul moyen, lui donner du métaldéhyde (Méta)".
Aujourd'hui, les techniques de lutte se sont multipliées et tiennent plus du contrôle de la population des limaces et escargots que de la simple élimination. Donc ce sont des méthodes plus douces pour le jardin, l'environnement, et la faune, gastéropodes compris, que l'on peut découvrir dans les livres et ailleurs.
De plus les limaces en tant que éboueuse-nettoyeuse ont leur utilité dans les cycles de la nature.
- la tuile ou la vieille planche de bois, où se réfugient les limaces la journée. Il suffit ensuite de les ramasser.
- la mini-serre, ici à base de bouteille plastique sans fond. En fait contrairement à la photo, j'aurai du laisser le goulot. Cette solution est idéale pour les semis en pleine terre. Important, si on laisse le bouchon, il faut y faire un trou, sinon dès le premier arrosage ou orage, la bouteille se met à flotter et une pellicule de boue peut recouvrir les semis.
- Le piège à bière est plutôt connu mais après le Bar à Limaces, j'ai un peu modifié ma façon de faire. M'inspirant d'une émission de TV et d'un piège fait avec un bac à glace, j'ai utilisé un pot de crème fraîche. L'entrée est en hauteur pour éviter que des insectes tombent inutilement dedans. La bière n'est pas à ras pour amener les limaces à se pencher, puis tomber dans l'alcool et pas à l'extérieur (ou elle cuveraient sans dommage). Je ne sais pas si la bière sans alcool serait efficace ou non, mais avec ce piège, les hérissons assoiffés ne seront pas vulnérables pour cause de cuite.
- Cendres, sable, sciure de bois et marc de café constituent des barrières. Pas facile d'avancer quand la route vous colle au ventre ... Les coquilles d'oeufs pilées et aiguilles d'épicéa sont aussi utilisées car désagréables. Le souci de ces matériaux est qu'ils sont efficaces en temps sec. Après une pluie ou un arrosage, ces protections font bien rire les limaces, et il faut alors les renouveler. De plus, les cendres, par exemple, agissent sur le sol et ne sont pas conseillées pour protéger des plantes qui craignent le calcaire.
Pour tenir les limaces à l'écart, on peut également compter sur des plantes répulsives, parmi lesquelles la sauge, le thym, l'hysope, la capucine, le cerfeuil, ... En plus, si les abords du jardins sont tondus court, les limaces devront chercher plus loin leur abri sous de grandes herbes.
Les mollusques aventuriers malgré les plantes répulsives, devront se méfier de leurs prédateurs naturels dont le hérisson, la taupe, la musaraigne, l'orvet, la grenouille et le crapaud, les oiseaux (en particulier certaines espèces de canards domestiques), les carabes, le mille-pattes (amateur d'oeufs de gastéropodes) et la larve de vers luisant (dont la préférence va vers les escargots).
Et puis, il y a aussi les préparations comme le purin de prêle ou le purin de fougère lequel est à utiliser non dilué en pulvérisation sur les plantes victimes des limaces, 2 fois par semaine. Plus spécifique, le purin de limace consiste à mettre quelques limaces dans un récipient, les recouvrir d'eau bouillante, laisser macérer 3 ou 4 jours, puis filtrer et verser sur les planches. C'est l'odeur de décomposition qui les éloignerait, mais par contre les limaces vivantes n'hésitent pas à faire des limaces mortes mais fraîches leur repas.
Actuellement, j'essaie quelque chose que j'ai imaginé et qui pourrait s'appeler la technique du semis perdu. Les limaces aiment bien les plantules de tournesol ? Donc tout autour du potager j'ai semé des graines de tournesol qu'il me reste de la récolte de l'an dernier. A l'occasion de la ronde de nuit, je n'ai plus qu'à "récolter" les limaces qui se trouvent sur les jeunes plants, lesquels finiront par rapidement être arrachés. Apparemment ça fonctionne.
A l'issue de cette ronde de nuit, et de la ronde de jour qui consiste à vérifier sous les tuiles et les planches de bois ou les prendre en flagrant délit par temps de pluie, que faire des limaces ? On les éliminait au ciseaux ou on les ébouillantait. Maintenant, la vie sous toutes ses formes est si possible respectée, et on préfèrera emmener ces gastéropodes à distance dans une prairie.
Le châssis où je fais mes semis n'est pas très perméable aux limaces, et si je ne fais pas attention, je peux me retrouver du jour au lendemain avec des tiges sans feuilles et sans espoir de récolte. C'est un des rares cas où j'utilise des granulés anti-limace, pas plus de 3-4 par godet (un sachet de granulés peut durer des années). Mais le chemin jusqu'à ces granulés n'est pas forcément le plus simple. Les godets sont perchés sur des échasses faites de clayettes. Celles-ci, ajourées, limitent fortement l'accès aux plantules.
J'ai même utilisé une bassine avec 2 cm d'eau, bassine dans laquelle se trouvait un pot pour des semis d'oeillets d'Inde. Les limaces en sont friandes (contrairement à ce que j'ai pu lire) mais vu qu'elles ne savent pas nager ...
Petit truc simple : tenir si possible les godets à distance si possible, sinon les limaces n'ont pas de mal pour passer de l'un à l'autre.
Mais bien sûr, il y a encore d'autres moyens de lutte : les barrière anti-limaces style tôle ondulée dont les bords très fins sont infranchissables pour la limace ; le cuivre pour lequel les limaces ont une aversion ; certains nématodes qui leurs sont mortels ; la consoude qui les détournent du potager ... et puis les gestes à éviter : pas de paillage par temps humide ; pas de fumier frais ; pas d'infractuosités ni trous qui serviraient d'abris ; ne pas laisser de limaces mortes "naturellement" dont les les limaces vivantes se nourriraient ...
En conclusion, en quelques décennies, la lutte contre les limaces est passée d'une solution unique à toute une batterie de méthodes complémentaires. Peut-être que la panacée est tout simplement de pousser la chansonnette auprès des limaces (lire la première phrase de ce billet et voir le film).
Quelques éléments proviennent entre autre du livre "Le jardin Biologique" de M.L. Kreuter
A lire :
- Lutte biologique contre les limaces
- Quelles alternatives pour la lutte contre les limaces ?
- Biologie et piégeage des limaces