La douleur

Publié le 20 juin 2014 par Mentalo @lafillementalo

Elle ne me quitte pas, depuis quatre jours maintenant. Quatre jours et trois nuits. C’est long, quatre jours et trois nuits, quand la douleur vous vrille la tête et brouille la vue.

Cette fois-ci, elle a commencé à droite, deux longues journées: A la fin de la troisième, elle se déplace, en sens inverse de son habitude, vers lagauche, signifiant ainsi que les prochaines heures seront intenses, et puis le vide, enfin, ce vide mou, cotonneux de l’après.

C’est long quatre jours. Au fil de la descente dans la douleur, mes pensées vagabondes, toujours plus profondes, mélancoliques, terrifiantes. Parallèlement, je m’inflige la lecture audio d’Un roman français, de Frédéric Beigbeder, en voiture. Au milieu de la décadence triste de la jeunesse dorée de belle ascendance, quelques réflexions ne me font finalement pas regretter le voyage. Mon mépris se mue lentement en compréhension – parfois, il suffit de m’expliquer les choses. J’aime avoir à changer d’avis, j’aime l’idée d’en être encore capable, et surtout heureuse.

Au bout de quatre jours au tréfonds de moi-même et du noir, je me dis parfois qu’il serait tellement plus facile d’en finir, pour ne plus souffrir, jamais – je crois que c’est au moment de sa garde à vue où Frédéric Beigbeder envisage de se coincer la tête dans le soupirail pour en finir qu’il m’est devenu sympathique. Coïncidence ou synchronicité.

On est terriblement seul dans la douleur. Seul à la ressentir, tandis qu’autour de soi la vie continue, au delà des murs d’incompréhension. Seul à la comprendre. A savoir combien, comment, tout le temps, sans qu’elle nous laisse le moindre répit. Le réveil, implacable, qui sonne et nous ramène à la conscience de la douleur implacable, le corps engourdi de médicaments, mais elle, là, qui cogne encore.

Un jour, quand la douleur s’estompera, il faudra revenir au monde. Sortir de mon côté sombre.