Seuil, 18 février 2000, 179 pages
Résumé de l'éditeur :
"Nous avons dû prendre l'univers en main mon frère et moi car un matin peu avant l'aube papa rendit l'âme sans crier gare. Sa dépouille crispée dans une douleur dont il ne restait plus que l'écorce, ses décrets si subitement tombés en poussière, tout ça gisait dans la chambre de l'étage d'où papa nous commandait tout, la veille encore. Il nous fallait des ordres pour ne pas nous affaisser en morceaux, mon frère et moi, c'était notre mortier. Sans papa nous ne savions rien faire. A peine pouvions-nous par nous-mêmes hésiter, exister, avoir peur, souffrir."
Mon avis :
Je découvre l'auteur avec ce roman, et ainsi l'univers particulier qu'il a su créer au fil des pages. Un univers exigeant, dans lequel il faut du temps pour entrer, car la langue destabilise, à l'image du personnage principal du récit, destabilisée et destabilisante elle aussi.
Un univers dans lequel rien n'est fixe et tout est à découvrir, jusqu'à la dernière page.
Un titre qui reste enigmatique longtemps, à l'image de cette famille dont on devine l'histoire peu à peu.
Car rien n'est donné d'entrée de jeu, dans ces pages. Tout est à décoder petit à petit, et un mystère en entraine un autre.
Une voix à part dans l'univers de la littérature francophone.
L'image que je retiendrai :
Celle de la salle de bal qui tombe en ruine avec les 400 couverts rangés en ordre de marche, brillants sous le soleil.
Quelques citations :
"Ainsi vont les mot. Ils arrivent toujours, coûte que coûte, à se poser quelque part, et cela seul est important." (p.142)
"J'avais définitivement compris que nos rêves ne decendent sur terre que le temps de nous faire un pied de nez, en nous laissant une saveur sur la langue, quelque chose comme de la confiture de caillots (...)" (p.157)