Avant-dernier épisode de la saison, l'épisode semble rassemblé tous les protagonistes pour un finale que l'on entrevoit explosif. Il marque la chute de Wosley qui tombe en disgrâce, tandis que chacun campe sur ses positions sur la fameuse question de l'annulation du mariage de Catherine et Henry.
Le 'procès' en annulation se poursuit en l'absence de la Reine, qui désormais a fait son deuil de la 'justice' des tribunaux. Elle essaye encore vainement d'attirer l'attention -la pitié- de Henry qui révèle dans un de leurs dialogues que sa soudaine obsession pour le Lévitique n'est qu'un prétexte pour annuler leur mariage. Mais comme tout n'est que rapports de forces politiques dans le règlement de ce mariage, les deux principaux protagonistes ne sont pas les seuls impliqués. A force de sous-entendus suggestifs de la part d'Anne, Henry est désormais persuadé que Wosley est responsable de la stérilité des tentatives d'obtenir l'annulation, par des procédés dilatoires qu'il ne cerne pourtant pas. Car il faut avouer que le cardinal, n'ayant jamais été autant en danger, se démène pour une fois quasiment sans arrière pensée, ou du moins sans envisager une autre chose que de satisfaire le roi. Cependant le mal est déjà fait.
Un grand sommet diplomatique se tient à Cambrai entre les puissants de l'Europe continentale. Wosley voit dans une paix entre l'Empereur, François Ier et le Pape, l'obstacle définitif aux tentatives d'obtenir la fameuse annulation du mariage. D'autant que même s'il est en première ligne, tous les protagonistes -la Reine et Charles Quint, comme la famille Boleyn- le considère comme un ennemi oeuvrant uniquement à leur perte. Le cardinal envoie donc Thomas More à la rencontre diplomatique pour faire en sorte que l'entente tant redoutée n'ait pas lieu. Le problème est qu'on ne demande pas forcément à un "humaniste rêveur de paix universel" d'aller s'assurer que la guerre régnera encore en Europe... Finalement, même s'il ne souhaite pas directement la fin de Wosley, More y contribue tout autant que les autres, par son opposition à l'annulation comme par son aspiration à la paix européenne...
On assiste à un abandon total de Wosley qui se retrouve isolé, la mémoire sélective de ceux qui lui doivent leur place n'ayant d'égal que leur instinct de conservation. Il faut dire que ces derniers temps, il s'était laissé quelque peu abusé par certaines amitiés, notamment par Cromwell qu'il croyait de son côté. Ledit Cromwell, pendant ce temps, fait oeuvre de luthéranisme actif en confiant un livre 'hérétique' à Anne. Le contexte est parfait. La frustration de Henry à l'égard du Pape est telle que toutes les pièces ne demandent qu'à s'emboîter pour conduire au schisme. Mais la série retombe dans ses travers et son penchant pour les excès. Anne ayant montré le fameux livre interdit à Henry, le réalisateur ne trouve rien de mieux pour illustrer le début de lecture blasphématoire qu'un orage et des éclairs tranchant l'obscurité de la pièce. Un brin dubitative, on peut s'interroger : 1/ S'agissait-il d'une façon de souligner l'importance du moment en indiquant aux téléspectateurs qui n'avaient pas appréhendé les trente références précédentes que c'est un point crucial de l'Histoire qui se joue ? 2/ Est-ce une forme de colère divine qui se déchaîne dans le ciel d'Angleterre ? Les scénaristes obligent à prendre de la distance et perdent beaucoup dans ces moments-là. Anne soulève le point important pour Henry : "un roi qui ne reconnaît pas l'autorité du Pape, à la fois Empereur et Pape absolu en son royaume". On tiquera quelque peu devant ces raccourcis schématiques, mais on va concéder que l'essentiel est dit pour le scénario (même si mal dit et mal présenté).
Wosley insiste également sur l'éventualité d'un schisme si le Pape refuse d'accéder à la requête de Henry, même s'il n'est pas clairement établi s'il a perçu réellement le danger, s'il songe surtout à son sort ou si c'est une façon pour les scénaristes de bien faire comprendre le noeud du problème à des téléspectateurs un brin pris pour des incultessous-estimés. Cependant, la déchéance de Wosley est scellée, comme le Pape ordonne à son légat de suspendre à nouveau le procès. Henry devra comparaître devant le roi. Personne ne veut de cette annulation sur le continent. Le théâtralisme de la cour est assez cruel dans le traitement que Henry réserve à Wosley. Charles Brandon et la famille Boleyn abattent leurs derniers atouts avec des accusations de détournements de fonds. Ils se placent en nouveaux hommes forts du royaume, tandis que Wosley est confiné à résidence, déchu de toutes de ses fonctions, dont celle de chancelier.
L'épisode se clôt sur More qui se voit offrir ce poste par Henry, qui oscille toujours entre ses excès d'autoritarisme et une maîtrise de soi très précaire. Commençant par refuser, Henry le presse en lui promettant qu'il n'aura pas à s'occuper de l'annulation du mariage -à laquelle il est opposé-, et de conclure dans une de ces tournures prophétiques dans lesquelles la série excelle : "Je vous ordonne, pour toutes choses que vous ferez... de penser à Dieu d'abord, et à moi après." More suivra avec application ces directives...
L'autre évènement de l'épisode est la mort de Margaret. Une épouse délaissée qui n'apparaissait plus que pour montrer ses frustrations et sa désapprobations envers Anne... C'est une adversaire à cette liaison royale qui disparait. Le plus cruel est sans doute le fait qu'elle ait caché sa maladie, même à son mari. La scène où Charles est forcé d'annoncer la triste nouvelle à Henry est très forte, tout comme l'évocation des funérailles auxquelles un roi ne peut assister.
Bilan : L'épisode se suit assez bien. On reste dans le registre des luttes d'influences et manipulations de cour. Cela n'est pas transcendant, mais se laisse suivre assez agréablement.
En revanche, une inquiétude pour le dernier épisode. Nous sommes en 1529 actuellement, or la saison est sensée se finir en 1533. Au vu de la bande-annonce, j'ai un peu peur d'une explosion d'effets et à nouveau une schématisation excessive accompagnée de libertés scénaristiques...