Loi Santé, le bric-à-brac de Marisol

Publié le 20 juin 2014 par H16

Marisol, Marisol, qu’as-tu encore fait ? Je sais bien que tu ne voulais pas rester en arrière de ta copine Ségolène qui, avec sa transiture énergétique, a mis en place une toute nouvelle usine à gaz législative qui va, à l’évidence, faire bondir en avant l’économie du pays. Je sais bien qu’il fallait absolument mettre un peu plus tes petits doigts manucurés dans ce système de soin que le monde nous envie mais que, pas fou, il ne nous copie pas. Je sais bien qu’il y avait urgence à s’agiter avant les vacances pour montrer que tu existes. Mais pourquoi comme ça ?

Oui, je sais, Marisol, tu as cru qu’avec l’idée géniale des « actions de groupe », le reste passerait très bien.

Ce n’était pas trop mal pensé, en première approche. Sur le papier, ces actions de groupe permettent aux patients victimes de dommages médicaux dus à leurs traitements de se regrouper et d’attaquer en justice les méchantes industries pharmaceutiques, les lobbies médicaux et les Illuminatis (qui sont, je le rappelle, de tous les coups fourrés), parce qu’en groupe, on est plus fort, et que c’est nécessaire pour n’être « plus seuls face à la puissance de certaines industries », comme tu le dis Marisol. Mais voilà, ma chère : comme ton dispositif super-sur-le-papier n’a pas encore été écrit à ce stade, on n’a finalement aucune idée de ce que ça va bien pouvoir donner. On peut effectivement te souhaiter un peu plus de compétence que la pauvre Duflot avec son abominable Loi ALUR. Souhait risqué cependant, tant est mauvais le track record du gouvernement en matière de lois mal boutiquées torchées n’importe comment et finies au gros rouge à 3h du matin.

Mais même en t’accordant le bénéfice du doute sur cette idée d’ « actions de groupe », il va être difficile de te faire crédit du reste.

Ainsi, le « tiers-payant généralisé » est encore l’une de ces idées humides de socialisme gluant dans laquelle le patient, rigoureusement et définitivement détaché de toute responsabilité en n’ayant plus rien à sortir du tout lors d’une visite du médecin, va devoir se faire violence pour croire que ça lui coûte encore quelque chose et qu’il faudrait donc se restreindre. D’autant que l’expérience précédente des médicaments en dit long : déjà couverts par la même méthode de tiers-payant, on constate quelques difficultés pour sensibiliser les patients à leur consommation. Si l’on suit la même logique, on devrait donc voir apparaître, dans quelques années, des « médecins génériques » dont le diagnostic, générique lui aussi, promet de grands moments de rigolade-santé. Et trêve de plaisanteries, on a bien du mal à comprendre comment cette fumisterie supplémentaire va permettre de résorber les déficits perpétuels de la branche maladie. Marisol, avais-tu bu ?

Peut-être n’était-ce pas l’alcool mais une euphorie surnaturelle qui t’a aussi incitée à définir un cadre d’expérimentation des « salles de consommation de drogue à moindre risque », périphrase longue pour « salle de shoot ». Là encore, Marisol, on se demande si cette mesure était réellement indispensable alors que le principal problème de la France, et de loin, est surtout une overdose chronique de chômage. D’un autre côté, on peut se réjouir tristement que le gouvernement s’enquiquine à ces questions périphériques, de peur de le voir se lancer dans l’expérimentation douteuse des « salles de travail » où des entrepreneurs, des artisans et des professions libérales expérimenteraient leur profession dans des salles à moindre risque de contrôles sanitaires, du fisc ou des URSSAF. Pendant que sous ton impulsion, Marisol, on décriminalise doucement la piquouse et le rail de coke, on continue de criminaliser le travail et on se plaint d’avoir des chômeurs… On a les priorités qu’on peut.

Et puisqu’on parle priorité, comment classerais-tu le parcours de santé, le numéro de téléphone unique mais départemental et les étiquettes nutritionnelles ? Très très haut, genre « écarlate » comme le plan Vigipourite, ou tout en bas-jaune citron, pour bien signifier que bon, après tout, ce sont des gadgets rigolos mais qu’on va les tenter quand même parce que vu les excédents budgétaires actuels, un peu de folie et d’amusements ne feront pas de mal ?

En tout cas, on pourra t’accorder, Marisol, le bénéfice de la créativité !

Prends le « numéro d’appel unique » pour joindre un médecin 24 heures sur 24. Bon, d’abord, je n’aimerai pas être ce médecin-là qui va se taper des milliers d’appels 24h/24, mais au-delà, on se demande comment on pouvait se passer de ce numéro jusqu’à présent. Et si ce numéro était (par exemple) le 112, ce serait encore plus novateur puisqu’ensuite, un dispatching intelligent renverrait vers le SAMU, les pompiers ou la police, et là, ce serait le bonheur. Vraiment, Marisol, je trouve ton idée géniale !

Et puis il y a aussi le « parcours éducatif de santé », qui va permettre « à tous les enfants, de la maternelle au lycée, d’acquérir des connaissances en santé et d’adopter des bons réflexes » qui ne sera pas un cours de santé (ce serait trop utile) mais quelques rappels utiles et vitaminés comme le fait qu’il ne faut pas manger trop gras, trop salé, trop sucré ou trop fun, qu’il faut boire en été et aussi en hiver mais sans baver et en s’essuyant sinon ça gerce, et toutes ces petites choses indispensable allant des indices solaires à l’écharpe de saison. Et aussi que le tabac, c’est cracra, et l’alcool, c’est pas cool. C’est mignon, c’est magique, c’est tout à fait dans la ligne de conduite habituelle de Gouvernemaman, remplaçante câline de plus en plus évidente de ces parents démissionnaires, irresponsables et légèrement débiles que la République aura enfantés après avoir malencontreusement ripé sur sa politique éducative 50 années durant (oups). Et puis, les messages éducatifs de l’État ont largement démontré leur efficacité, après tout !

Enfin, on pourra décerner le pompon ou la queue de Mickey à la mesure d’étiquetage nutritionnel qui clot le tout dans un grand rire enfantin, youpiiiii, puisqu’elle vise à informer le consommateur, ce gros mammifère mou, hydrocéphale et manipulable à souhait (pire, il vote !), de ce qu’il pousse de ses gros doigts boudinés dans son système digestif délabré. Bien évidemment, il reste encore à déterminer ce que sera le bon logo, qui, dans notre société colorée remplie d’enfants et d’adulescents à peine dégrossis, constitue l’alpha et l’oméga de toute information pertinente ; à chaque problème, on trouvera une jolie signalétique allant de petits triangles pour le recyclage indispensable à la survie de Gaïa aux futures gommettes colorées pour savoir qu’une pomme ne contient pas trop de méchantes glupides, en passant par les symboles basiques incitant à ralentir (école !) ou à ne pas se pencher par la fenêtre (danger !)…

Bien évidemment, ce n’est pas dit mais on se doute déjà que la réalisation de ce logo prendra un certain temps, sera confié à une fine équipe de communicants qui ne travaillera pas que pour l’honneur de sauver la Santé du pays, et que le résultat sera probablement grandiose et parfaitement justifié, notamment par les résultats époustouflants obtenus par les pays qui ont mis en place des mesures similaires.

Époustouflants…

Non, vraiment, Marisol, qu’est-ce qui t’es encore passé par la tête ? La vie était tellement plus simple, pour toi comme pour nous, lorsque personne ne s’était fourré dans la tête l’idée impérieuse de venir tout régenter. Et voilà le travail : maintenant, on a une grande « Loi Santé », dont le résumé lapidaire est qu’elle comprend une mesure intéressante mais pas écrite, une nouvelle déresponsabilisation du patient alors qu’il faudrait exactement le contraire, et un triplet de gadgets ridicules et coûteux. Oui, certes, je sais qu’il y a aussi plein d’autres articulets plus ou moins administratifs pour continuer d’alourdir un peu plus les interactions entre les établissements de soins, les professionnels de santé et la Sécu, mais je ne suis pas sûr que si l’on détaille ces mesures, ce soit franchement à l’avantage de l’édifice général législatif que tu nous a pondu… Du reste, je vois mal en quoi cela révolutionne vraiment la vie des patients en France, tout ça, ni celle des contribuables, des assurés et des consommateurs.

À vrai dire, Marisol, on dirait un peu du foutage de gueule.

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