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Le lendemain on ne devrait pas se lever tôt

Publié le 19 juin 2014 par Mentalo @lafillementalo

Les bougies sur le gâteau d’anniversaire fument encore et déjà demain un autre lieu, une autre danse, les applaudissements, la file pour les pains saucisses ou les jeux ou les gâteaux qu’on aura apportés nous-mêmes quelques minutes auparavant– il faut bien remplir les caisses pour l’année prochaine, on aura l’illusion d’une énième visite à la ferme presque gratuite. Nous n’aurons qu’à mettre chips et sandwich au saucisson à côté de la gourde remplie de glaçons pour que l’eau reste fraîche, et confier les gosses au bus où ils seront un peu barbouillés pendant une heure. Les vaches de notre village, celles qu’ils voient tous les jours de la fenêtre de leur chambre, la traite dans la ferme en face, le camion de lait bien trop gros pour notre rue, les enfants qu’on rappelle sur les trottoirs pour qu’ils se mettent à l’abri avec leurs vélos, bien sûr, ce n’est pas la même chose.

Alors le soir quand ils sont couchés on prépare le pain puis on fait des gâteaux, au chocolat souvent, c’est celui-là qu’ils préfèrent, des gaufres parfois pour varier, puis on enchaîne, la fête de l’un, la kermesse de l’autre, la musique de l’un, les portes ouvertes du cours de danse de l’autre, et puis on recommence dans l’autre sens. On tient bon, le mois de juin c’est le marathon des parents, la ligne d’arrivée est en vue et ressemble furieusement à un casse-tête chinois pour que leurs vacances ressemblent à des vacances.

Comme d’habitude on n’aura pas pensé à réserver le train trois mois à l’avance, comme d’habitude tout nous semblera trop loin, ou trop cher,  comme d’habitude ils seront heureux quand même, parce qu’ils n’auront même pas imaginé autre chose, parce que les enfants de la campagne se suffisent de peu, parce que ce sont toujours les parents qui ont des envies d’ailleurs etce besoin toujours de remplir les journées. Ils seront heureux de rien. Et nous, le matin, sur le chemin du travail, on n’osera pas leur dire qu’on aurait aimé les laisser dormir sous la tente dans le jardin, veiller à regarder les étoiles, parce que le lendemain on ne devrait pas se lever tôt.

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