Fixer l’écran de son ordinateur toute la journée affecte le système lacrymal en favorisant le développement de symptômes du syndrome de l’œil sec, révèle cette étude japonaise, réalisée en collaboration avec la Harvard Medical School. Quelques conseils dans le Jama Ophtalmology: un temps d’écran limité à 7 heures par jour et, dans des conditions adaptées de manière à minimiser la fatigue oculaire.
Le syndrome de l’œil sec est une condition chronique dans laquelle les yeux ne produisent pas assez de larmes, entraînant des symptômes de sécheresse oculaire impactant le confort oculaire et entraînant douleur et irritation oculaires à chaque clignement d’œil -parfois comme une sensation de sable dans l’œil- et, plus curieusement une production excessive de larmes. Les personnes atteintes de sécheresse oculaire présentent à la fois un film lacrymal irrégulier et une production importante de larmes « réflexes », l’œil tentant de compenser l’irritation. Ici, les chercheurs précisent que le liquide lacrymal liquide contient des protéines mucines, en solution, produites par les cellules de la conjonctive. Les mucines sont très « hydrophiles » et contribuent à retenir l’eau sur la surface de l’œil. De précédentes études ont montré que la concentration de protéine mucine 5AC dans les larmes est beaucoup plus faible chez les personnes atteintes du syndrome de l’œil sec.
Les chercheurs de la Keio University (Tokyo), de la Kyoto Prefectural University (Kyoto) et de la Harvard Medical School ont suivi 96 employés de bureau au Japon, à 63% des hommes, âgés en moyenne de 42 ans, évalués pour les signes et symptômes du syndrome de l’œil sec (test de Schirmer sur signes de perturbation du film lacrymal) et les ont interrogés par questionnaire sur la quantité de temps passé devant l’écran.
L’analyse constate une association entre le temps passé sur écran et les yeux secs :
- La durée moyenne d’écran était de 8,2 heures par jour.
- 9% des participants ont été formellement diagnostiqués avec syndrome de l’œil sec,
- les autres participants présentaient des symptômes de sécheresse oculaire, dont 55% des signes de syndrome de l’œil sec probable,
- 82% des participants présentent des signes de perturbation du film lacrymal,
- quelques-uns des signes de lésions à la surface de l’œil et de la conjonctive.
-La concentration moyenne en mucine 5AC
Ø est significativement plus faible chez les personnes atteintes du syndrome de l’œil sec vs sans syndrome de l’œil sec,
Ø est également significativement plus faible chez les personnes ave temps d’écran >7 heures par jour vs <5 heures par jour,
Ø est également plus faible chez les personnes ayant déclaré des symptômes de fatigue oculaire, un larmoiement excessif ou une sensation de sécheresse oculaire vs absence de symptômes.
L’étude suggère ainsi qu’une durée de travail sur écran trop importante (>7 heures par jour) entraîne une diminution de la concentration de mucine 5AC dans les larmes et est associée à un risque accru de syndrome de l’œil sec ou, a minima de sécheresse oculaire.
L’utilisation régulière et prolongée d’un écran, soulignent les auteurs, nécessite une configuration adaptée (éclairage, source de lumière, position) adaptée de manière à minimiser la fatigue oculaire. Ainsi, l’écran doit être positionné au niveau des yeux, ou juste en dessous.
N.B. Cette étude a également été soutenue par Santen Pharmaceutical Co, Ltd (Osaka)
Source: JAMA Ophthalmology June 5 2014doi:10.1001/jamaophthalmol.2014.1008Alteration of Tear Mucin 5AC in Office Workers Using Visual Display Terminals