Voici la 33ème aventure du jeune patricien romain d'origine celte, l'inoxydable Alix suité de son protégé Enak (très peu actif dans cet épisode).
Le nouvel album bénéficie d'une équipe artistique presque semblable à celle de l'épisode précédent, sauf au scénario où Mathieu Bréda assiste le dessinateur Marc Jailloux, avec une nouvelle fois les belles couleurs appliquées par Corinne Billon, donc une même qualité dans la transmission du flambeau des personnages - je devrais dire des âmes - créées jadis par Jacques Martin. Visuellement, la BD est réussie, dans l'esprit de son créateur, avec des personnages plus complexes, une figure féminine bien campée, une trame historique vraisemblable.
Nous somme en -54. Ce n'est pas le premier contact entre les tribus gauloises d'outre-Manche et Rome. Les peuples du sud de la Britannie commercent déjà de façon efficace avec l'Empire. L'idée de faire jouer le rôle d'agent de renseignement à un commerçant est bien venue. On apprécie aussi les sérieuses explications concernant la fonction des druides auprès des peuples celtes, comme ici les Trinovantes.
C'est l'histoire d'une tentative maladroite d'invasion, avec traitrise - on soupçonne le félon dès sa première apparition - otages, enfant retrouvant son père, météo mal maîtrisée, difficultés inhérentes à tout débarquement malgré une importante logistique, luttes de clans. Rien qui nous sépare, finalement, de ce que nous observons dans le monde d'aujourd'hui.
Alix seconde César et finit par lui sauver la mise. Car le généralissime n'est pas vu ici sous son meilleur jour. L'expédition en Britannie ne répond pas vraiment à une nécessité pour Rome, mais à son projet personnel. Cette fois, la réussite ne lui sourit pas. Il faudra attendre un petit siècle pour voir la Bretagne conquise par Rome.
Un épisode riche en événements, un peu confus, mais très inspiré des écrits de Cėsar lui-même. Que demander de plus quand on est, comme moi, fan de la BD depuis des lustres ?
Britannia, par Mathieu Bréda et Marc Jailloux, selon les personnages créés par Jacques Martin, édité chez Casterman, 48 p. 10,95€