L’affaire Bygmalion n’en finit plus d’occuper les colonnes des journaux. Ce qui, au départ, était une histoire de collusions et de petits contrats entre amis s’est rapidement mué en gros détournement entre mafieux de la politique. Et il y a d’autant plus d’articles que cette affaire mouille directement des éléphants de l’UMP, jusqu’à l’ex-président Sarkozy. C’est un feu d’artifice. Maintenant, ne cache-t-il pas une autre affaire, au moins aussi gênante dans ce qu’elle implique ?
Compte tenu des faits rapportés, qu’une enquête — judiciaire cette fois-ci — permettra de confirmer, il apparaît évident que cet acharnement n’est en rien déplacé. Tant qu’à faire, si on peut s’éviter un nouveau quinquennat d’effervescence inutile, c’est toujours bon à prendre. On regrette cependant que, symétriquement, les mêmes énergies ne soient pas dépensées pour faire jaillir toute la lumière (à commencer par la lumière médiatique, parfois nécessaire à la révélation de l’ampleur des corruptions) sur une autre affaire, qui le mérite amplement.
Vous n’en avez pas entendu parler ? C’est normal. Par un hasard extrêmement curieux pour une presse française qui déclenche la jalousie partout dans le monde pour sa pertinence, rares sont les articles détaillant ce qui se passe exactement, alors qu’en réalité le procès n’est que l’aboutissement de dix longues années d’enquêtes, de procédures et de révélations. Et au final, seize personnes, la CGT, le PCF ainsi que la société du journal L’Humanité sont jugés depuis le 5 juin dernier pour abus de confiance, recel ou complicité, pour avoir détourné des fonds provenant du Comité d’entreprise d’EDF-GDF, la Caisse centrale des activités sociales (CCAS). Ces détournements auraient servi à financer des prestations à la Fête de l’Humanité, des emplois fictifs au bénéfice de la CGT et de la Fédération des mines et de l’énergie (FNME-CGT) ou encore des périodiques proches du PCF et de la CGT.
Oh, bien sûr, on trouvera bien quelques dépêches ici ou là, un article du Figaro ou du Parisien, ainsi que quelques articles de la presse étrangère francophone, mais pour les Unes de Libération, le Monde, Médiapart ou même des précités, il faudra repasser.
Il faudra donc lire chaque petite phrase pour tenter de comprendre les enjeux, et découvrir que, selon l’accusation, une association de formation financée par le CCAS aurait, par exemple, filmé des spectacles lors de la fête de l’Humanité pendant plusieurs années pour un coût totalisant les 1,2 millions d’euros, ou qu’une employée rémunérée par la même CCAS aurait en réalité travaillé pour la fédération communiste des Hauts-de-Seine.
On pourra aussi s’attarder quelque peu sur les déclarations hallucinantes de l’ancien président d’EDF, François Roussely, du juriste Antoine Lyon-Caen et celles de l’historien du syndicalisme et des mouvements sociaux, Michel Dreyfus, qui, convoqués à la barre, ont cru nécessaire de rappeler l’historique de la Caisse pour expliquer ces errements dont on commence à peine à mesurer l’ampleur.
« La CCAS n’est pas un comité d’entreprise, même si le législateur a essayé ces dernières années d’insérer cette institution originale dans le cadre général des entreprises privées. »
Eh non. En fait, c’est un gros tuyau. D’un côté, on met l’argent récupéré des Français lorsqu’ils paient leurs factures de gaz ou d’électricité, et de l’autre, on récupère des journaux communistes, des syndicalistes communistes, des emplois dans des fédérations communistes qui, tous, participent à la bonne introduction du communisme, du collectivisme et de la doxa socialiste dans l’esprit des Français, pour leur plus grand bien. Ce serait, effectivement, dommage d’appeler ça un Comité d’Entreprise alors que c’est beaucoup plus !
« La CCAS c’est une institution de notre République qui lui a fourni des ressources exceptionnelles (son budget est alimenté par 1% du produit des ventes de gaz et d’électricité) à une époque où le facteur travail était aussi considéré que le facteur capital .»
Bref : il semblerait que les montants, pourtant copieux (on dépasse le million rien que pour la partie « Fête de l’Humanité ») ne justifient pas pour les médias de s’intéresser à l’affaire. Du reste, on se souvient que tout ce qui avait entouré, en son temps, la sortie du Rapport Perruchot avait été soigneusement évité par la presse (largement tenue coite par le Syndicat du Livre CGT – coïncidence toujours). De la même façon, les malversations répétées rapportées tant par le Canard enchaîné que par la Cour des Comptes au sujet des syndicats font généralement peu de vagues ; au-delà du petit article dans l’un ou l’autre quotidien, chaque scandale, même de nature très scabreuse, ne déclenche tout au plus qu’une petite bordée de titres timides avant que l’actualité (politique, sociale) reprenne le dessus bien sagement.
Le fait que cette affaire-ci mouille, encore une fois, des gros syndicats, des groupuscules gauchistes bien introduits et des grosses sociétés anciennement nationalisées et encore bien acoquinée avec l’Etat de nos jours semble agir comme un repoussoir magique à toute médiatisation. Ainsi, comme le remarque Contribuables Associés, le Comité d’entreprise de la SNCF nage dans une certaine opulence qui lui permet de venir en aide à la CGT dans des proportions qu’on pourrait qualifier de louches. Là encore, verra-t-on Mediapart sortir du bois et agiter ses enregistrements exclusifs sur les internets pour enfin démasquer les fraudeurs de ce syndicats ? Le Monde ou Libé vont-ils mener l’enquête ?
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