Présentation de l’éditeur :
Lee, un petit voyou d’une vingtaine d’années, se réveille dans un motel sordide avec une balle dans le ventre, une valise pleine de dollars, et pas la moindre idée de ce qui a pu le mener jusqu’ici. À son chevet, Wild, médecin morphinomane en rupture de ban, son seul recours pour l’aider à quitter les lieux avant que la police ne débarque. Complices malgré eux, ils vont chercher refuge dans la maison de campagne d’un confrère de Wild. Une intimité maladroite s’installe entre ces deux hommes en cavale dont l’un est hanté par un séjour en prison et l’autre fuit un procès pour erreur médicale. Mais un troisième larron est à leurs trousses : Josef, un vieux gangster roumain superstitieux et violent, qui a pour mission de récupérer l’argent et de s’occuper de Lee. Une bonne fois pour toutes…
Couronné en Australie par le prestigieux Ned Kelly Award, ce grand roman noir, qui est aussi un conte moderne sur l’aliénation et le désespoir, est servi par la prose sèche et tendue de Chris Womersley, auteur du très remarqué Les Affligés.
Quand j’ai vu cette proposition dans la sélection Albin Michel de mai (et cette couverture !), je n’ai pas hésité car j’ai entendu beaucoup de bien de Les affligés (roman écrit après celui-ci) et que j’ai bien l’intention de découvrir ce roman dans ma série 14-18. Je l’ai lu dans mes temps libres entre le 10 et le 16 juin, autrement dit en période d’examen, et si j’ai été scotchée à ce livre, dieu qu’il m’a semblé sombre !!! (surtout après le "sage" Waterloo Necropolis de Mary Hooper !)
Nous suivons donc Lee et Wild et au fur et à mesure que leur cavale s’enfonce dans les profondeurs australiennes (identifiées grâce à une seule allusion au bush, mais cela pourrait sans doute se passer dans n’importe quel bled perdu) on devine bien que le dénouement sera tout sauf heureux. Et on assiste à un tas de tours et de détours dans la relation entre ces deux hommes en cavale, on se sent petit à petit étouffer sous la chape de violence qui les enserre. Violence subie, violence exercée et plus ou moins assumée par chacun des deux hommes. Les deux portent de lourds secrets qui se révèlent petit à petit, et ils n’ont pas vraiment le don de la parole, le don de mettre des mots sur les blessures de la vie. C’est sans doute ce qui explique leur situation de plus en plus critique : on assiste impuissants à leur lente descente aux enfers… Difficile de s’identifier à ces deux anti-héros, mais difficile de ne pas ressentir non plus une pitié horrifiée envers eux. Sans compter le troisième personnage lancé à leurs trousses, le vieux Jozef et son tatouage mystérieux.
Chris Womersley a l’art de créer des atmosphères pesantes, où les choses et les gens semblent recouverts d’un voile de poussière et de sang. Ses descriptions sont à la fois d’une précision chirurgicale et d’une poésie désespérée. Le glauque des ambiances imprègne les personnages jusqu’à l’os. L’auteur serre ses personnages de près sans leur faire aucun cadeau. Le pire, l’incompréhensible est au bout du chemin. Et alors que tout est dit ou presque pour Wild et Lee, l’auteur se fend d’une scène de violence immonde envers un animal dont je me serais franchement passée. Pourquoi ajouter encore cette horreur dans les dernières pages ?!
Cela ne m’empêche pas de reconnaître le talent de Chris Womersley ni ne me dégoûte pas de lire Les affligés, plus tard, mais cela attendra un peu…
Chris WOMERSLEY, La mauvaise pente, (très bien) traduit de l’anglais (Australie) par Valérie Malfoy Albin Michel, 2014
Un grand merci à Claire Mignerey et aux éditions Albin Michel pour l’envoi de ce livre (j’ai mis un peu pus de temps que prévu à le chroniquer, la période est chargée !)
Keisha a trouvé le tout très noir aussi.
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