La carotte et le bâton. C’est en quelque sorte le résumé de l’offre politique faite par la direction du Parti socialiste aux "frondeurs" de plus en plus nombreux en son sein. Carotte des états généraux annoncés, « avant la fin de l’année », par le nouveau patron de la rue de Solférino : Jean-Christophe Cambadélis. Le bâton est manié, lui, par le Premier ministre qui brandit le spectre de la « mort de la gauche » et par ses proches – de Bruno Le Roux à Jean-Marie Le Guen. C’est le résumé du conseil national du PS, réuni le week-end dernier à la Maison de la chimie à Paris.
Une primaire en 2016 ?
La journée a commencé par un séisme comme le Parti socialiste les aime. Dans une interview au quotidien Le Monde, le leader deMaintenant la gauche, Emmanuel Maurel, a proposé une primaire en vue de désigner le candidat des socialistes à la prochaine présidentielle. Appelant ses camarades à se « désintoxiquer de la Ve République », le nouveau député européen a jeté le pavé dans la mare : « Oui, il faudra une primaire en 2016. Il serait tout de même curieux que ce que nous avons jugé formidable et démocratique en 2011 ne le soit plus cinq ans après. »Ce pas supplémentaire dans la critique de l’exécutif, tant côté Élysée que côté Matignon, est une réponse aux « tentatives de caporalisation de la majorité ». Du côté des parlementaires aussi, un cap devrait être franchi dans les prochains jours. L’Appel des 100 prépare une vingtaine d’amendements aux projets de loi rectificatifs des finances et du financement de la sécurité sociale, soit le cœur législatif du Pacte de responsabilité. Ils devraient, notamment, porter sur le gel des retraites (supérieures à 1.200 euros) et des aides au logement. Des contacts ont été pris, à plusieurs reprises, sur ces amendements, avec les députés EELV et FDG. Une situation qui fait se raidir les tenants de la ligne gouvernementale.L’unité, "assurance-vie" du parti ?
« Qu’est-ce qu’appartenir à une majorité, de façon classique ? C’est voter un budget (...) Si effectivement un certain nombre de députés soi-disant socialistes ne votaient pas pour le budget, il y aurait indiscutablement un problème nouveau », a ainsi répondu à distance Jean-Marie Le Guen, nouveau secrétaire d’État chargé des relations avec le Parlement. De son côté, le patron des députés PS, Bruno Le Roux, a fait dans le plus subtil en plaidant la fin de la « guérilla parlementaire ». Se plaçant au-dessus de la mêlée, il a demandé « le respect pour entendre ceux qui ont des propositions différentes ; de la loyauté ; de l’unité qui est aujourd’hui "l’assurance-vie" du parti ».Ce terme d’assurance-vie fait écho aux propos tenus par Manuel Valls, samedi 14 juin, lors du conseil national du PS. Il n’a pas hésité à se montrer alarmiste en prophétisant : « la gauche peut mourir ». Pour éviter la mort, il n’y aurait que sa ligne, a-t-il déclaré en substance : « Avec le président de la République, nous considérons que c’est le cap qu’il faut maintenir. Je n’ai qu’une certitude : prendre un autre chemin nous conduirait à l’échec ». Un point de vue qui, selon Emmanuel Maurel, serait loin d’être majoritaire au sein du PS.États généraux du socialisme
À l’appui de ses dires, Maurel pourrait citer le succès de participation de la réunion organisée par Un monde d’avance, samedi 14 juin – au même moment que le conseil national du PS, une première ! – en présence de représentants de la Gauche populaire, de Maintenant la gauche, de la motion 4 du PS (anciens proches de Stéphane Hessel), d’EELV et de Pierre Laurent, secrétaire national du PCF. Ce débat public, tenu devant une salle bondée, avait pour thème "Comment rassembler la gauche ?". Manière d’expliciter l’idée que les "frondeurs" du PS ne cherchent pas l’issue qu’au sein de leur propre parti.C’est peut-être pourquoi Jean-Christophe Cambadélis a commencé à lâcher du lest en interne. Reprenant, en partie, l’antienne dramaturgique sur la « mort » du PS, il a estimé que son parti « n’avait plus la force propulsive d’Epinay ». Il a proposé au conseil national, pour y remédier, la tenue d’états généraux du socialisme. Une revendication de Maintenant la gauche datant du précédent congrès du PS… Pour le premier secrétaire du Parti socialiste, « ce qui est en jeu c’est un nouveau Parti qui soit en capacité de dire ce qu’est le socialisme moderne ».