Magazine Cinéma
[Critique] THE SEX LIST
Titre original : The To Do List
Note:
Réalisatrice : Maggie Carey
Distribution : Aubrey Plaza, Johnny Simmons, Bill Hader, Alia Shawkat, Scott Porter, Rachel Bilson, Christopher Mintz-Plasse, Andy Samberg, Clark Gregg…
Genre : Comédie
Date de sortie : 18 juin 2014 (DTV)
Le Pitch :
L’université et la vie étudiante tendent les bras à Brandy. Belle et brillante, la jeune femme a néanmoins consacré tout son temps aux études, au point d’en oublier les garçons. Aujourd’hui, en ce qui concerne le sexe, elle se sent larguée. Brandy décide alors de dresser une liste des choses à faire pour rattraper son retard…
La Critique :
Tout d’abord, un grand coup de chapeau au(x) type(s) responsable(s) du titre français de The To Do List. Après tout, pourquoi se creuser les méninges pour trouver un titre original et aguicheur, quand on cause d’un film qui ne met aucune grosse vedette en avant et qui n’est même pas destiné à sortir dans les cinémas ? Pourquoi ne pas utiliser ce bon vieux « sex » (comme avec Sexe Intentions, Sex Academy, Sex Crimes, etc…) et ainsi créer un vrai/faux homonyme ? Et là, on fait référence au (S)ex List avec Anna Faris et Chris Evans, sorti en 2011, qui à la base s’appelait What’s Your Number ?. Voilà qui risque de pas mal compliquer les choses niveau référencement.
Dans le cas de The To Do List, tout tient à un « The » devant le « Sex List ». Un petit « The » pour différencier un film d’un autre. Deux longs-métrages qui, au passage, n’ont pas grand chose à voir l’un avec l’autre si ce n’est qu’ils traitent de sexe. Bref, voilà comment on condamne un film déjà pas aidé par une absence flagrante de promo, au crash assuré à sa sortie.
Cela dit, parfois, le crash est mérité. Pas ici. The Sex List (argh) n’est pas ce que l’on peux appeler une brillante comédie sur les mœurs estudiantines, mais au moins, il se démarque de la masse de ces trips destinés à tourner en boucle sur le câble, que l’on consomme comme un bon vieux Big Mac, en prenant soin de tout oublier très rapidement après l’éjection du DVD.
Primo, The Sex List ne ment pas sur la marchandise qu’il propose. Même si le titre original (qui peut se traduire par : La liste des trucs à faire) ne mentionne pas le mot « sexe », c’est bien de cela dont il s’agit. À contrario de ces produits fadasses et trop chastes, le film de Maggie Carey y va gaiement, sans pour autant se complaire dans une vulgarité crasse.
On parle ainsi d’une étudiante studieuse, soucieuse de voir ses copines s’éclater avec des mecs, quand elle n’en a jamais embrassé un seul. Une fille qui s’empresse d’appliquer ses méthodes d’études à l’exploration d’un territoire inconnu. D’une terre inexplorée faite de mystères aussi insondables que celui de la Chambre Jaune.
En gros, on parle de tout ce qu’une nana fait avec un type quand la lumière s’éteint (façon de parler). Des étapes successives qui mènent au bouquet final. Des trucs que mentionne la jaquette du DVD…
Si il s’appuie sur un langage fleuri, The Sex List ne se résume pas à l’apprentissage d’une jeune innocente. Contrairement à ce que son pitch pourrait laisser croire, le long-métrage n’est pas une version féminine d’American Pie, ou encore un vague porno soft. Brillant par son girl power indéniable, The Sex List donne le pouvoir à son héroïne. Quoi qu’il arrive, elle gère, et de toute façon, c’est elle qui dirige les manœuvres. Maggie Carey préfère tourner les choses en dérision, sans détourner les yeux. Suggéré, le sexe n’est pas là pour provoquer une quelconque excitation, mais plutôt pour nourrir un récit d’initiation burlesque, lorgnant vers les comédies de Judd Apatow.
Une bonne approche, fraîche et originale, qui manque tout de même de maîtrise, mais qui jouit de la performance « over the top » d’Aubrey Plaza.
La jeune actrice de presque 30 ans, campe une nana de 18 ans pas franchement désirable (du moins pas en permanence). Le décalage est volontaire et constitue d’ailleurs une des meilleures idées du film. Il permet en outre à Aubrey Plaza de s’en donner à cœur joie et de déconstruire pierre après pierre le fantasme de l’étudiante u.s dévergondée (sa sœur incarnée par Rachel Bilson est là pour nous rappeler à quoi doit ressembler une étudiante dans une comédie sexy bateau). C’est elle qui porte le film, sans avoir peur de tomber dans le ridicule, le pathétique et -c’était malheureusement prévisible- dans l’excès. Cela dit, l’excès en question est pardonnable tant ici, personne ne se prend au sérieux.
Épaulée par les solides Bill Hader, Christopher Mintz-Plasse, et Andy Samberg (pour ne citer qu’eux), la tornade Aubrey Plaza ne cherche pas la sympathie du spectateur, trop occupée à considérer le sexe comme un énième sujet d’étude propice à une compétition acharnée, afin de décrocher le tableau d’honneur. Pour Brandy, son personnage, le sexe est son Everest. Quelque chose qu’elle doit faire mais dont elle ne tire pas beaucoup de plaisir…
Surprenant dans sa volonté d’exclure les sentiments amoureux de l’équation, The Sex List apparaît invariablement comme une sorte d’ovni satirique dans le paysage du cinéma américain pour teenagers. Et d’abord, le film s’adresse-t-il vraiment aux adolescents ? Pas sûr. The Sex List affiche des intentions louables. Il tente de se détacher, quitte à tomber dans un bordel plus ou moins organisé. Dommage qu’à la fin, la réalisatrice Maggie Carey rentre dans le rang. Là encore c’était prévisible. Non pas que le film choisisse de virer de bord pour désavouer son discours initial, mais pas loin… assez près en tout cas pour s’apparenter au final à une comédie certes très sympathique et par bien des aspects plus turbulente que la moyenne, mais pas aussi rebelle qu’espérée.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Metropolitan FilmExport
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