Geneviève Huttin a publié récemment Une petite lettre à votre mère, au Préau des collines.
LA VOIX DE MONTARGIS
Nous avons toujours sur qu’on écrivait chasteau au Moyen Âge. Et parfois même (rires sous cape) un chastiau…
A la chorale, elle avait un visage de madone et quand elle chantait
Ce mois de mai
Ce mois de mai
Ce mois de mai ma verte cotte
Ce mois de mai ma verte cotte
Ce mois de mai je vais-ais tirer…
nous pensions qu’elle était amoureuse
Et le Chien de Montargis ? Pour toi, Geneviève, il luisait sous la pluie quand tu passais devant avec ta mère
Le chien c’était le monde tel qu’il vous saute à la figure dans l’enfance, l’odeur de chien mouillé du pardessus SNCF de ton père accroché à la patère…
Le chien mouillé, c’était lui
Le facteur, capote noir, déposait le courrier
Les ornières de la rue ne se fermaient jamais
Les grands prés inondés où les vaches appelaient et vous les entendiez…
Monter dans le cerisier, c’était écouter la voix des arbres
Celui qui t’enracine et celui qui t’a déracinée
Le mirabellier dont les fruits n’avaient pas le goût de là-bas
Quand les jardins non plus ne se ressemblaient pas
Les voisins le disaient
Ton père laissait tomber ses bras avec fatalisme
Le sien était plus grand
plus d - é - s - h - e - r - b - é,
ça n’avait rien à voir avec le presbytère
et les fastes d’églises
les petites communiantes en robes de mariées
Quand tu y pénétrais
elle était belle et cul béni
la voix qui te coupait le souffle et
te disait
la FFF… rance…
Geneviève Huttin, Une petite lettre à votre mère, Le préau des collines, 2014, pp. 30-32
note de lecture de Véronique Pittolo
Bio-bibliographie de Geneviève Huttin