Féminité d'aujourd'hui

Par Gentlemanw

Une nuit de profond sommeil, mais aussi un travail global de l'insconcient, sur la journée d'hier, sur les bons et mauvais moments, sur le repas entre amis et invités d'hier soir. Et finalement cette phrase qui ressort soudain, entre deux plats et quelques verres, un rappel de cette terrasse : "Vous rêvez beaucoup, les femmes d'aujourd'hui ne peuvent pas être glamour !"


Oui, aujourd'hui comme hier et avant-hier et comme depuis des années déjà, je rêve, parfois en pleine journée. Mais je me réveille soudain ce matin, avec vous, mes lectrices, mes lecteurs, et je découvre avec effarement que je vivais dans un monde idéal.

Non, je croyais vivre dans un monde idéal.

En ouvrant les volets, force était de constater que les jeunes femmes étaient majoritairement en pantalon, en jean, avec des formes variés, des déchirures ou non, des tailles hautes ou basses. Là une inconnue, presque floue, avec une jupe, elle se cache dans le coin de l'abribus, loin des regards pour ne pas gêner les autres, de sa présence, de ses belles jambes dans un collant noir et des bottines.

Manquant de fruits frais, je me dirige vers mon petit supermarché, les clientes ne sont pas toutes en robes légères d'été, aucune ne semble porter des bas nylon malgré la fraîcheur de ce matin, force est de constater ma méprise. Au rayon beurre et yaourts, aucune brindille en mini-short blanc, en mini-top rose, rien non plus au rayon céréales, pas de mini-robe rouge sur une brune aux mensurations impeccables. Je flâne en passant entre le coin des crèmes de douche, pas de naïades sortant de la piscine, pas plus que dans le coin glaces, pas de croqueuses sulfureuses de cornets glacés. J'attends à la caisse, des clients, des clientes, des caissières, des machines. Tout est normal, les gens ne sourient pas, ils varient entre beaux ou moches, grands ou petits, énervés ou calmes, pressés ou lents. Je confirme rien de glamour. 

Traversant la rue, j'ai la révélation, après quatre décennies de rêve, je me suis réveillé. Mieux encore, je vais enfin vivre dans ma société, non, dans une dimension parallèle, avec eux, avec vous, dans un monde bien réel. 

Pourtant dans mes rêves, je voyais, j'espérais des gens moins tristes, plus humains, plus proches les uns des autres. Je défendais avec respect une féminité plus glamour sans la voir devenir une règle martiale, plutôt une liberté pour soi, sans le regard des autres, sans les remarques et insultes des autres, plutôt avec des compliments, des envies non de séduire, mais de se faire plaisir, et en retour de plaire, d'être vu. Un monde d'élégance parfois mais pas obligatoire, un monde plus serein, où le féminin se retrouve dans des modes, où l'égalité est complice naturel du respect. Certes j'avais rajouté par désir personnel quelques touches très glamour, ultra-féminines pour faire pétiller le tout. Mais je n'idéalisais pas tout cela au quotidien, bien au contraire, toujours pour laisser la liberté à chaque femme de choisir leur beauté, leur féminité, leur image (avec de multiples facettes). Et par peur d'une uniformité trop 100% glamour !!

Je me suis trompé, honte à moi.

Mais on m'a menti, car en regardant les publicités à la télévision, il me semblait voir des mamans idéales, des mensurations impeccables, des ménagères heureuses de faire de la cuisine, de nettoyer avec l'aspirateur, ou de faire la lessive, de vivre tout à fond avec bonheur. Toujours à moitié nue à table, pour manger des yaourts, été comme hiver. Toujours mince car elle dévore des bols de céréales, des tartines avec du beurre light. Toujours sexy quand elle croque les glaces, et plus encore quand elle conduit sa voiture. Toujours plus féminine, exposée, caricaturée dans ses atouts de femme, réduits à des courbes, un cul et des seins pour vendre tous les produits du monde, pour vendre du rêve peut-être ? En ouvrant les magazines féminins, j'ai vu les bons choix, les bons régimes, les crèmes de jouvence vantées par des midinettes de 40 ans, de 25ans, de 18ans à peine (rayer les mentions inutiles), avec des corpulences dignes de certaines maladies de l'alimentation. Toutes pareilles d'ailleurs ! Peut-être ais-je cru que toutes les femmes porteraient des robes de soirées, moulantes et sculptées comme dans chaque série, avec des soutien-gorges trop petits pour des poitrines trop opulentes.

J'aurai dû me réveiller avant ... pour savoir qui rêvait, qui mentait ... dans quel monde.

Nylonement