Dans le monde des goélands, voler ne sert qu’à une chose: se nourrir. Mais Jonathan Livingston ne peut pas s’en empêcher: il aime voler. Pour le plaisir. Pour la liberté. Pour la performance aussi: comment voler mieux, plus vite, plus haute. Apprendre, toujours apprendre, et s’améliorer. Il y a sûrement quelque chose de plus grand à tirer du vol. Mais pour les autres goélands, c’est une véritable hérésie. Alors le conseil se réunit et la sentence tombe: Jonathan Livingston est exilé. Il devient un paria. Mais qu’importe: il continue sur sa lancée. Et retrouve d’autres goélands, aussi épris de liberté que lui.
J’ai beaucoup aimé le début de ce conte. Une véritable ode à la liberté, à l’ouverture d’esprit et à l’anticonformisme. Ce petit Jonathan Livingston apparaît bien vite comme l’empêcheur de tourner en rond d’une société obtuse qui refuse de se remettre en question. Les descriptions de ses calculs et de ses théories pour aller plus vite, voler différemment, changer de trajectoire, ont quelque chose de technique à la fois impressionnant et de touchant. Il affronte même les tempêtes avec rigueur et efficacité.
Cependant, dès qu’il se retrouve à la tête d’une pensée qui frôle la doctrine philosophique, d’une école où il enseigne à ses disciples, j’ai eu plus de mal. J’ai trouvé justement que le personnage perdait sa fraîcheur dans ces conceptualisations qui n’ont pas grand-chose à voir avec l’univers animalier du départ. J’ai eu l’impression que tout le naturel du conte se perdait derrière une thèse, que Jonathan Livingston devenait une sorte de messie beaucoup trop sérieux, avec son passage au paradis où son maître lui enseigne avant tout l’amour de ses semblables. J’avais le sentiment que l’on essayait de me parler d’une doctrine sans que j’arrive à cerner exactement laquelle. J’ai donc eu un peu plus de mal à terminer ce livre.
La note de Mélu:
Bilan mitigé.
Un mot sur l’auteur: Richard Bach (né en 1936) est un écrivain américain, passionné par l’aviation.