Depuis un peu plus d’une semaine, le Louvre montre au public 33 salles consacrées aux objets d’art du XVIIIème siècle, qui étaient fermées depuis 2005.
Et c’est un des ensembles les plus riches et les plus complets jamais réunis par une collection publique, un témoignage éclatant du savoir-faire français de l’époque où notre pays servait de référence à tout le monde civilisé.
Pour une fois, les superlatifs restent faibles !
Cette réinstallation a coûté plus de 26 millions d’€uros et a été financée exclusivement par le mécénat : au départ, les objets qui constituent le fond de la collection du Louvre furent « saisis » chez les nobles émigrés, puis il y eut des donations fondamentales de mécènes célèbres comme Isaac de Camondo ou Basile de Schlichting, de nos jours, des entreprises comme les montres Bréguet, Les Amis américains du Louvre, La Société des Amis du Louvre, de grandes entreprises françaises et étrangères et de riches particuliers réunis dans le Cercle Cressent, de nombreux donateurs dont on remarquera les noms sur les panneaux introductifs de chaque salon-écrin ... Bienheureuse communication et politique d’image … Les Romains célébraient aussi
On ne va pas se plaindre de voir ainsi sortir des réserves du musée plus de 2000 œuvres : boiseries sculptées, décors peints, tapisseries, meubles d’ébénisterie, bronzes, marbres, orfèvrerie, bijouterie, instruments scientifiques, faïences et de porcelaines européennes. Il faudrait parcourir cent châteaux pour voir tant de merveilles rassemblées, et encore ! Ces objets mettent en lumière aussi bien l’histoire des techniques que celle des styles, le décor de grandes demeures princières comme les salons et la bibliothèque de l’hôtel de Villemaré-Dangé (place Vendôme), la coupole du pavillon du Palais Bourbon, le grand salon du château d’Abondant, la chambre de parade de l’hôtel de Chevreuse….
Le parcours de visite est divisé en trois grandes séquences chronologiques :
- 1660-1725 : règne personnel de Louis XIV et la Régence
- 1725-1755 : épanouissement du style rocaille
- 1755-1790 : retour au classicisme et règne de Louis XVI.
André-Charles Boulle, Charles Cressent, Bernard II Van Risenburgh, Jean-François Oeben, Martin Carlin, Jean-Henri Riesener, les orfèvres Thomas et François-Thomas Germain, les Roëttiers, Robert-Joseph Auguste, les peintres et décorateurs Charles Le Brun, Jean-Baptiste Oudry, Charles-Antoine Coypel. Des dynasties d’artistes renommés et copiés dans toute l’Europe !
L’originalité ici, c’est d’avoir pris le parti d’installer ces merveilles dans des espaces correspondant à la dimension des salons pour lesquels ces meubles et objets avaient été conçus (les experts parlent de « period rooms »).
Et le musée n’a pas lésiné sur le décor, confié à Jacques Garcia, qui intervient aussi comme mécène.
Car le style de Jacques Garcia, c’est le foisonnement, l’efflorescence, la démesure : des fronces, des volants, des fenêtres drapées, des détails aussi comme ces belles espagnolettes sculptées, de lourds rideaux de damas retenus par les embrasses élégantes, des corniches et des dorures classiques, avec des décors spectaculaires comme ce plafond bleu en forme de tente pour abriter le mobilier du cabinet du Comte d’Artois, et qui répond au côté spectaculaire des sièges drapés de damas bouton d’or. Ici, l’excès est bienvenu.
Mes préférés : les portraits au pastel de Louis XV et de son épouse par Quentin de La Tour, comme surveillant une fantastique collection de montres et de tabatières, le décor de Jean-Baptiste Oudry « Divertissements champêtres » pour le grand salon du château de Voré en Normandie, l’extraordinaire couvert d’apparat en argent du roi George III, les faïences de Rouen …
Mais il faudra plusieurs visites pour tout voir et il faut se hâter car très rapidement, ces nouvelles salles deviendront un must absolu pour les touristes du monde entier.
C'est ouvert tous les jours, sauf le mardi !