Fort de sa propre expérience d’écriture, Dany Laferrière s’adresse aux écrivains en devenir, espérant leur donner quelques conseils et leur éviter certaines erreurs. En fait, ce texte est surtout une base de réflexion pour les personnes qui souhaiteraient se lancer dans l’écriture. Sans donner de recette miracle, il aborde la question de la temporalité dans le roman, du juste dosage des digressions, du public auquel on s’adresse, de l’angoisse de la page blanche… Jamais condescendant, l’auteur explique ses propos en les illustrant d’exemples, d’images et autres métaphores tirés de son propre vécu.
Les références aux grands auteurs classiques et contemporains sont constantes car l’auteur conseille de prendre exemple sur leur travail pour comprendre la construction du roman ou les procédés utilisés pour transmettre des émotions, ce que Dany Lafferière appelle le « lire en écrivain ». A ceux qui n’ont pas de velléités d’écriture, ce journal fournira une foule d’anecdotes sur ces romanciers mais aussi quantité de titres commentés par l’auteur, ce qui ne manquera pas d’alimenter leurs listes de lecture.
Un texte qui peut se lire d’un seul trait ou se picorer au gré des intérêts et qui nous interroge sur le travail d’écriture, qui n’en reste pas moins un travail, effectué en pyjama ou non. J’ai apprécié les prises de position de Dany Laferrière, parfois virulentes, notamment lorsqu’il s’insurge contre Pennac qui conseille au lecteur d’abandonner un livre qui l’ennuie (Comme un roman). Malheureusement, l’auteur traite aussi de sujets très éloignés de l’écriture, ce qui provoque une sensation de dispersion et empêche d’avoir une vision d’ensemble de cet essai.
Journal d’un écrivain en pyjama – Dany Laferrière – Editions Grasset & Fasquelle – 2013