Bon alors cette semaine c'est le festival de Cannes, vous le savez sans doute. Aucun rapport avec le western, vous me direz. Eh si, le film de clotûre de cette année est Pour une poignée de dollars de Sergio Leone. Certes, il n'est pas question d'indiens, mais c'est l'occasion pour moi de vous parlez de l'image des indiens dans le western.
Alors déjà, parlons nourriture. Le vrai western américain, celui dont je vais surtout parler après, s'appelle le western " hamburger ". Ce western là a eu un grand succès pendant les années 30 surtout. Ensuite, le genre connaît à nouveau son succès en Europe, avec le western ... allemand, connu sous le nom de western " choucroute ". Oui, ça en jette vraiment. Mais surtout, le western devient connu avec le western " spaghetti " et Sergio Leone. J'espère vous avoir donner faim, ne me remerciez pas.
Maintenant, parlons du western hamburger, le western bien américain. Vous avez sans doute déjà remarqué que les américains aiment beaucoup leur pays, et qu'il n'y a pas besoin de remonter très très loin dans le cinéma américain pour s'en rendre compte : heureusement que les américains sont là, sinon le monde serait en ruine. Mais passons. Peut-être que vous le savez, mais les relations entre les américains et les indiens ont particulièrement été tendues.
On est en 1620, et ceux que l'on appelle les Pilgrim fathers ( les pères fondateurs ) sont persécutés en Angleterre ( notamment pour des raisons religieuses ) fuient leur pays natal pour établir une colonie aux Etats-Unis et débarquent à l'Est. Le problème, c'est que les conditions de vie sont difficiles et beaucoup meurent de faim et de maladie. Mais les terres sont peuplées d'Indiens qui leur apprennent comment cultiver le maïs et leur offrent des dindes. Pour les remercier, les colons leur offre un repas avec les mets qu'ils sont parvenus à cultiver : c'est le tout premier Thanksgiving. Jusqu'ici les relations avec les Indiens sont pacifiques. Cependant, les terres des Indiens sont rapidemment envahies par les colons, et il y'a de nombreux massacres à la fois chez les indiens et chez les colons. Les relations se dégradent beaucoup, surtout au 19 ème siècle. Les blancs gagnent du pays vers l'Ouest ; c'est la célèbre Conquête de l'Ouest. Les blancs massacrent des tribus indiennes et les chassent de leur territoire pour les mener vers Oklahoma où se trouvent encore aujourd'hui une majorité d'indiens. Alors pourquoi tout ce blabla d'histoire ? Tout simplement parce qu'encore une fois, l'Histoire explique le cinéma.
Au début du 20 ème siècle, les américains ont encore une vraie haine des indiens. C'est pourquoi on retrouve beaucoup de films avec des indiens qui incarnent les .. méchants. Eh oui, les films suivaient l'opinion publique qui était à cette époque raciste par rapport aux indiens.
Prenons l'exemple de La Chevauchée Fantastique de John Ford
Rien qu'à l'affiche, on se rend compte que les indiens sont méchants et que l'enjeu du film va se faire autour de cela. Ce film a révélé John Wayne, LE héros des westerns américains. Une diligence travers l'Arizona avec à bord un bandit évadé de prison, un médecin, une femme enceinte, une prostituée, un banquier et un vendeur de whisky et sont menacés par la tribu de Géronimo ( qui a réellement existé et qui a été l'un des chefs indiens résistant aux attaques des blancs ). Le film ressemble beaucoup à la nouvelle de Maupassant, Boule de Suif, mais dans le désert.
On est en 1939, Les indiens commencent peu à peu à être reconnus par le gouvernement américain puisqu'ils deviennent citoyen américain. Mais les américains ont toujours en tête les nombreux massacres du 19ème siècle et continuent de haïr les indiens.
Dans ce film, les indiens sont les ennemis des américains. C'est simple, ils menacent d'attaquer la diligence. Ainsi dans ce film, les indiens sont des êtres sanguinaires qui ne veulent que tuer. Ils ne sont pas humains, ce sont simplement des sauvages. Ils ne savent pas communiquer autrement qu'avec des cris. Et cela colle avec l'image qu'a vait les américains : les indiens ne sont pas des hommes mais ne sont qu'une bande de sauvage non civilisés qui ne pensent qu'à tuer les pauvres américains. Evidemment, la réalité est différente mais c'est pourtant l'image qui reste dans les mémoires des spectateurs de l'époque.
La diligence est menacée par les indiens. Mais c'est sans compter sur la cavalerie américaine qui arrive pour sauver les passagers de la diligence. Cette cavalerie vient donc sauver l'Amérique, c'est grace à elle que le territoire est protégé des méchants indiens. Et surtout, les américains dominent les indiens et parvient à les tuer. Le spectateur de l'époque n'a aucune pitié pour ces indiens, puisque ce ne sont pas des hommes et qu'ils menacent l'Amérique. Ce film paraît raciste aujourd'hui mais il est tout à fait normal à l'époque puisque c'est ce qui est ancré dans l'opinion. Les indiens sont une menace pour le pays, voilà tout.
C'est donc une image bien négative qui se dégage de ce film mais qui reflète pourtant très bien l'opinion quant aux indiens en Amérique. Ce film est patriotique et raciste mais tout cela est normal pour les spectateurs de l'époque : le film ne fait que suivre les idées des spectateurs. Ce film n'est pas le seul, et on garde tous une image de l'indien méchant qui hurle sur son cheval et qui est tourné en ridicule. Voilà d'où ça vient.
Pour vous rendre compte réellement, je vous propose de regarder cette scène d'attaque d'indiens contre la diligence. Heureusement que John Wayne est là. Je plaisante, il n'en reste pourtant pas moins que le film est un beau western et que j'ai quand même bien aimé le regarder, notamment pour les images que je trouve vraiment très belles.
Stagecoach (1939) Chase scene!
Le western est donc le genre par excellence qui véhicule les idées de l'époque. C'est la valorisation du blanc américain sauveur de la patrie, pleins de valeurs qui va affronter le méchant apache sauvage. Du moins, ça concerne surtout le western. Comme quoi, l'idée de l'américain sauveur de la planète est bien ancré dans le cinéma américain.
L'indien va pourtant retrouver une image plus négative dans un cinéma plus contemporain. Déjà, le western-spaghetti est beaucoup moins impregné par cette haine des indiens, donc l'idéologie en est absente. Mais d'autres films essayent de réconcilier américains et indiens, comme c'est le cas avec un petit film policier : Coeur de Tonnerre, où un blanc intègre une tribu indienne pour enquêter sur un meurtre.
Comme quoi, cinéma, spectateurs et Histoire sont difficilement séparables.