Célébrons le miracle
Comics initié dans les années 50 puis repris en 1982 par le grand Alan Moore. Personnage inconnu du grand public, Miracleman n’est-il qu’une pâle copie d’un Superman à la sauce anglo-saxonne ? Voyons ça.
1956, Miracleman vit des aventures ô combien classiques aux côtés de Kid Miracleman et Young Miracleman. Ces derniers se transforment en prononçant le nom de leur mentor et possèdent des pouvoirs assez semblables à ceux de l’homme de fer. Les trois compères profitent de leur temps libre pour défendre la belle planète bleue. Oui c’est kitch et oui ce sont les années 50.
Ces quelques pages feront très certainement apparaître un sourire moqueur du coin des lèvres en se disant "Finalement ce n’était pas mieux avant".
Le graphisme et les situations dépassés se feront vite oubliés après ce court chapitre introductif.
Nous voici en 1982, Alan Moore met ses doigts magiques en branle pour offrir au merveilleux Miracleman une résurrection bien méritée.
Micky Moran est un journaliste indépendant souffrant de cauchemars récurrents. Ce n’est que lorsqu’il entend pour la première fois depuis plusieurs décennies le mot "Kimota" qu’il se transforme et devient Miracleman. Une fois ses pouvoirs et souvenirs récupérés, notre nouveau super-héros reprend la route qu’il avait délaissée.
Alors c’est tout ?
Si Alan Moore est aussi fort qu’on le lit c’est bien parce qu’il a su fournir une relecture plus sombre et profonde à un héros bien kitch. Lorsque Miracleman raconte l’obtention de ses pouvoirs, son entourage lui rit au nez et à du mal à le croire. Le ridicule de la situation n’échappe à personne et plusieurs décennies plus tard, le scénario reste difficile à avaler.
Alors lorsque Mike obtient une chance d’en savoir plus, il la saisit sans réfléchir.
Des origines plus noires qu’initialement, une vraie relecture des super-héros avec un questionnement sur l’existence des êtres supérieurs, Miracleman se révèle être un recueil beaucoup plus profond qu’il n’y parait.
Nous pourrions toujours reprocher une certaine complexité dans la suite des récits orientés "cosmique" qui n’apporte finalement pas grand-chose mais créer un univers en si peu de pages révèle le vrai talent de l’auteur.
Miracleman c’est malin, une narration digne d’un roman et un scénario maîtrisé. La densité du récit pourra faire fuir certains mais proposer une relecture d’un héros ancien avec autant de génie et d’audace, nul doute qu’Alan Moore est bien là.
Critique réalisée avec l'édition:
Miracleman #1,2014 chez PaniniComics