Réconciliés par le sursaut de la croissance?
C’est une bien curieuse semaine qui vient de se dérouler sur les terrains économico-financiéro-politiques… Avec, entre autres, deux larges sourires d’autosatisfaction, que personne ne pouvait imaginer simultanément : celui de Sarkozy, agréablement surpris par sursaut de croissance non inscrit dans les prévisions, et celui du grand patron de la Banque centrale, Jean-Claude Trichet qui trouve dans les faits la preuve de la pertinence de ses choix.
Non seulement les deux hommes ne s’apprécient guère, mais ils ne se gênaient pas jusqu’à présent pour rejeter chacun l’un sur l’autre la responsabilité de la stagnation économique et de la morosité françaises. La croissance en panne les séparait. La croissance en sursaut va-t-elle les réconcilier ? Pour la cohérence politico-financière de l’Union européenne, ce serait plutôt une bonne chose. Pour l’économie française aussi…
Le sourire de Sarkozy a été plus large, plus triomphant et plus médiatisé que celui de Trichet. Une affaire de tempérament et de contexte politique… Le chef de l’Etat a vu dans les prévisions revues à la hausse une revanche sur les sceptiques et les critiques qui ont dressé un bilan d’un an de présidence globalement négatif. Son égotisme d’extraverti s’en est donné à cœur joie. Pour donner des coups de griffes aux « sachant », comme il dit curieusement, en parlant de ceux qui prétendent savoir… tels ou tels journalistes, économistes, experts européens
N’y voyant que les premiers effets de ses « réformes », Sarkozy en oublie un fait majeur : les Allemands enregistrent les mêmes bonnes surprises et c’est l’économie d’Outre-Rhin qui nous tire vers le haut dans des secteurs-clefs. Peu importe, devant micros et caméras, « ça passe » bien… même si les Français ne sont pas dupes. Sarkozy a d’autant plus raison de jouer du clairon qu’il sait que des «surprises» allant dans un sens contraire auraient suscité plus que des quolibets.