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CINEMA: #CEFF2014 - "Kill your darlings" de/by John Krokidas (2014)
Par Bullesdeculture @bullesdeculture"L'artiste est-il maître de son oeuvre ?", voilà peut-être le sujet de la journée. Pour y répondre au mieux, il aurait peut-être fallu que les jeunes lycéens planchant sur le baccalauréat de philo se rendent à la projection de Kill your darlings de John Krokidas au Champs-Elysées film festival.
"Is the artist as master of his work?", that's maybe the subject of the day. To answerfully, it might be necessary that high school students who were working on their philosophy final exam would go to the screening of Kill your darlings by John Krokidas at the Champs-Elysées Film Festival.
More in English >>(Translation in progress, come bubble later)
Ce biopic met en lumière les mécanismes créatifs de la beat generation, composée des très célèbres auteurs américains Jack Kerouac, Allen Ginsberg et William S. Burroughs. En pleine seconde guerre mondiale, leur combat est davantage centré sur la recherche de l'inspiration. Comme au combat, celle-ci se révèlera tout autant destructrice à cause notamment de multiples passions dévorantes et autres meurtres qui viendront obscurcir le tableau de l'écriture.
Film du passé, le réalisateur décide d'utiliser le grain de sa caméra, aux filtres vieillis, pour immerger le spectateur dans cette ambiance décalée. Tout juste sortie des années folles, on pourrait croire que l'action se déroule vingt ans plus tôt en pleine prohibition. Chanteurs de music-hall, discours puritains et alcool à profusion dans des bars de secondes zones, cet univers festif est très plaisant et contraste avec le caractère grave de la thématique. On aurait pu se trouver dans une mise en scène dirigée par Baz Luhrmann.
Pour trancher avec ce côté rétro, la musique, composée par Nico Muhly, apporte un souffle de modernisme tout en accentuant le style dramatique de l'oeuvre. Elle est toujours utilisée à bon escient, surtout dans la scène d'introduction où un corps, en piteuse état, sort soudainement de l'eau. Avec cette scène, le réalisateur n'a pas peur de déflorer l'intrigue finale.
Pour ce faire, il va construire son récit autour des ambiguïtés homosexuels de ces personnages. Dans cette découverte de sexualité refoulée, Daniel Radcliffe et Dane Dehaan ont une approche tout en retenue. Le premier prend comme souvent des risques dans le choix de ses rôles. Toujours Harry Potter dans l'image collective, il se met à nue dans tous les sens du terme. En pleine incarnation de la folie de son personnage, il assume par ailleurs complètement ses scènes de sexe. En cela, son expérience à Broadway dans la pièce Equus où il apparaissait tous les soirs complètement nu lui a assurément permis de faire tomber les barrières de la pudeur.
Dane Dehaan tient également sa prestation. Déjà vu notamment dans Chronicles ou plus récemment dans The Amazing Spiderman 2, il a pourtant du mal à sortir de ces rôles de bad guys. La faute a un visage très carré et peu souriant. Il serait bien de le voir évoluer dans d'autres styles pour voir de quoi il est réellement capable...
Cependant, le film vient pêcher au niveau de l'intensité dramatique. Si la fin tient toutes ses promesses en terme de dramaturgie, les nœuds sont mal répartis au sein du scénario. Aussi, il y a une baisse d'attention au milieu du film, notamment lorsqu'on perd de vue Michael C. Hall, qui porte l'histoire.
De Gatsby à Sur la route, John Krokidas aura donc réussi à rappeler quelques références récentes du cinéma américain tout en proposant une œuvre qui se tient et qui apporte un point de vue intéressant sur les paradoxes créatifs.
Antoine Corte
Pour en savoir plus sur le festival, restez à l'écoute des chroniques d'Antoine Corte tous les jours sur Séance Radio dans l'émission Séance Live, présentée par Marie de Montesquieu, de 14h à 17h :
En savoir plus :- www.champselyseesfilmfestival.com (site officiel du festival) - http://www.sonyclassics.com/killyourdarlings/ (Site officiel du film)