1 roman 3 challenges:C'est ma 6ème participation au chall...

1 roman 3 challenges:
C'est ma 6ème participation au challenge Ma pal fond au soleil de Métaphore
Ma 6ème participation au challenge XIX° siècle dans le Manoir aux livres. C'est un roman du XX°, certes, mais l'histoire se déroule au XIX donc ça marche!
Voici ma deuxième participation -pour cette session- au challenge de Philippe du blog D'Un livre à l'autre...
LIRE SOUS LA CONTRAINTE.La contrainte en question est que le titre comprenne une conjonction de coordination.
J'avais déjà participé avec le texte d'E-E Schmitt, Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran.
Je reviens aujourd’hui avec un auteur plus que présent sur ce blog:  Philippe Delerm.J'ai parlé du fiston dimanche, ici... A chacun ses lubies et ses obsessions...
 Un jour, j'irai poser mes valises en Normandie et je suis certaine que Philippe Delerm n'aura pas le coeur à me mettre dehors! Je ferai toc toc, bonjour (un petit bisou), je vais mal, j'ai besoin d'être requinquée et vous êtes la personne idéale pour ça. Je ne mange pas beaucoup, je ne prends que très peu de place et je ne fais pas de bruit. GARDEZ-MOI!!!
Bref, tout cela n'est pas le propos. Je me suis encore extrapolée!
Je reviens au sujet: Sundborn ou les jours de lumière
Le roman commence par une lettre de Karin qui apprend à Ulrik que son mari Karl est mort. De cette lettre, va découler toute une réminiscence d'Ulrik, un retour vers un passé heureux.Karin, Ulrik, Karl, Julia et certains autres ont formé un patit noyau d'artistes: des peintres et un écrivain (Ulrik). On voit évoluer ce groupe artistique tant dans leur art que dans leur vie personnelle. Vie et Peinture se font écho, s'entrecroisent, se mêlent, parfois s'entrechoquent mais rien ne peut dissoudre les liens forts entre ces êtres. malgré leurs différends, leurs discussions vives, leurs désaccords, ils sont unis.
La peinture est la pierre angulaire du roman dans la mesure où elle fédère tous les personnages. S'ensuit une question existentielle de l'artiste au travail: l'art doit-il être à l'image de la vie ou doit-il la sublimer? Comment l'art et la nature sont-ils liés? Autant de questions philosophiques au programme de Terminale.
Y-a-t-il un lien fondamental entre les états d'âme de l'artiste et le résultat jeté sur la toile?
Il y a de nombreuses références à l’Impressionnisme du XIX° et aux peintres qui ont existé, comme Monet. La première impression que j'ai eue quand j'ai commencé à lire ce roman, c'est de retrouver l'ambiance de la peinture de plein air du XIX° et le Barbizon tellement dépeint dans le roman de Zola L'Oeuvre. Un écrivain parmi les peintres...c'est exactement l'histoire de Zola et de ses amis impressionnistes.
"Et vous, Ulrik, vous qui avez partagé toute cette quête, vous qui avez vécu l’essence de ces toiles sans jamais peindre vous-même, vous qui nous avez tous si bien connus, peut-être le moment est-il venu de témoigner de notre aventure -d'autres l'ont déjà fait si faussement, avec une telle acrimonie, et je ne parle pas seulement de Strindberg. Je crois que tout cela avait un sens, et votre présence à nos côtés..."
Outre le mouvement impressionniste, mon Philippe adulé va plus loin: son noyau de personnages rappelle sans conteste le groupe de Bloomsbury en Angleterre qui rassemblait l'élite Culturelle (Mansfield, Woolf, Forster...)
Le roman repose sur un éventail de récits rétrospectifs. Le roman fonctionne comme une sorte de polaroid éditant les meilleurs souvenirs du passé; chaque récit apparaît alors comme un cliché qui fait resurgir l'âge d'or de leur jeunesse et de leur passé commun.
Mickaël Miro, Le temps des sourires.
Le texte semble très imprégné du roman Les Vagues de Virginia Woolf dans lequel on voit aussi évoluer des enfants devenant et devenus adultes. Le noyau des 6 personnages Woolfiens est repris à l'identique ici.

Les personnages de Delerm sont à la recherche d'une lumière, que ce soit celle de Paris ou celle des Pays scandinaves: celle qui illumine la peinture mais aussi celle de la vie; et cette lumière est fortement liée au bonheur que chacun aborde et envisage à sa façon.
La recherche de la lumière est aussi celle qui est en chacun de nous et qui prend toute sa splendeur dans le sentiment amoureux. L'histoire d'amour, parfois contrariée parfois intense, entre Ulrik et Julia sera imprimée de tous les souvenirs passés restera pour les deux amoureux transis une histoire désespérément transitoire.

C'est un récit très poétique. Mais ce n'est pas mon préféré de Delerm. Je ne dirai pas qu'il m'a déçue car je l'ai quand même beaucoup aimé mais il m'a laissé un arrière-goût de "non-Delerm". Ses détracteurs pourront peut-être penser que c'est son meilleur roman mais je n'y ai pas retrouvé les ingrédients qui m'enivrent habituellement. C'est, somme toute, un récit magique et toujours mélancolique.
" La mort, l'absence; pour moi ces mots n'avaient pas perdu leur sens, mais gagné au contraire une dimension différente. Doué d'un étrange talent pour vivre le présent, je regardais mes amis peintres détacher l'instant, le poser sur la toile. Chez moi, l'instant demeurait virtuel, inassouvi; mais je ne le buvais pas vraiment seul."