J’ai la tête pleine, je me demande même si je ne suis pas entrain de grossir de la tête tellement la liste des tâches est longue. Certains ont bien les chevilles qui gonflent… Il paraît (Einstein en tout cas le disait) qu’on utilise à peine 10% des capacités de notre cerveau, je dois être monté à 11%, faites gaffe!!
J’ai un emploi du temps en flux tendu: je pars le matin alors que ma fille dort encore, je reviens le soir et plusieurs choses s’entrechoquent: profiter de ma fille et faire diminuer cette satané liste! Cette sensation de faire de l’auto-tamponneuse sans protection!
J’ai mes préférences mais la réalité des échéances s’impose à moi. Le constat est fait: je suis souvent là sans être là, disponible sur de très courts moments, ayant besoin aussi parfois de calme pour digérer ce rythme et les infos de la journée… En totale contradiction avec une petite fille qui peut enfin revoir sa mère!
Le résultat n’est pas glorieux: je ne ressens plus cette connexion avec ma fille, ou plus totalement, pas comme je l’aimerais. Forcément, on ne partage plus d’activité ensemble. Le week-end ne suffit plus vraiment car je traine de plus en plus la savate… Même si je préfère être pieds nus. Le point positif est mon caractère bulldozer. Je sais "dégainer" (le mot qui me caractérise le plus selon frérot), méthodique et pragmatique, ça y va! Un bon point. J’apprends aussi à déléguer à super-papa-chéri ce qui n’est pas plus mal. On ne peut décemment pas être partout sans prendre de drogue ;-)
Je suis toujours présente pour ma fille. Il y a un rituel le soir auquel on ne déroge pas: toujours des questions sur ce qu’elle a fait pour lui démontrer mon intérêt, c’est moi qui me charge du bain et de préparer les habits du lendemain, je suis en charge du coucher avec la lecture de 4 ou 5 livres (une bonne vingtaine de minutes les soirs où je me sens en forme). On éteint la télévision le temps du repas (c’est plutôt les jours d’extrême ras-le-bol). Ce quotidien ne suffit pas vraiment. C’est comme avec super-papa-chéri: s’il n’y a que le quotidien à gérer, les "papillons" disparaissent…
A l’inverse des tâches où on peut dégainer, les sentiments sont plus complexes, ils ne réagissent pas par une réaction de cause à effet immédiate. Quand je demande des câlins à ma fille (j’imite pourtant très bien le chat botté dans Shrek), il suffit qu’elle soit occupée pour qu’elle m’ignore totalement (être ingrat!!). Avec elle, on peut aussi avoir un non franc ou pire "laisse-moi tranquille". C’est pas une miss à câlin ou bisou. On le sait et on la respecte!
Une des rares fois où ma fille réclame un long câlin!
Rassurez-vous. J’ai trouvé la solution. Tout n’est pas si catastrophique qu’il n’y parait.
Le jeu est le meilleur moyen pour conquérir ma fille!
J’ai remplacé "l’interrogatoire" par un jeu en commun: jouer à la dinette, construire un circuit pour le petit train…
Hier soir, on a mis de la musique et on a dansé. On a rigolé, je la portais, je la posais, on se tenais les mains, je l’ai faite tourner à l’air, on a encore rigolé… On enchainé sur un bateau sur l’eau, moi assise et elle sur mon dos. Le "plouf dans l’eau" qui ponctue la fin de la chanson la faisait pouffer de rire, moi renversée sur le côté et c’est là que j’ai eu mes grandes accolades de tendresse. C’est aussi là que ça a plus de sens. C’est là que la batterie se recharge deux fois plus vite avec des "encore maman" en prime.
Il n’est pas rare quand une copine arrive à la maison que ma fille sorte un "attends, je vais chercher les jouets" en signe d’ouverture et d’acceptation de cette nouvelle relation.
C’est fou comme ça peut arriver vite cet éloignement ou n’est-ce qu’une question de ressenti et de point de vue?
Je me demande si ce sera plus simple quand elle sera grande, avec une compréhension totale des mots et de la situation, des compromis que l’on pourra faire pour se trouver un moment entre filles… Je compte bien rester sur sa route encore un peu!
Eté 2013: Roussillon