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Nap time

Publié le 16 juin 2014 par Pomdepin @pom2pin

A Nap, pour les non anglophones, c’est la sieste. Et donc Nap Time, c’est l’heure de la sieste. Nap Time, c’est ce moment merveilleux où on sent que Bébé va s’endormir, ses paupières sont lourdes, il bavouille sur sa tétine, serre ses petits poings au dessus de la tête…on y croit, un grand voile de paix et de sérénité va s’abattre sur la maison. D’ailleurs, on n’est pas contre l’idée de fermer les yeux aussi, par solidarité avec bébé bien sur. Ahaha…c’est alors que commence le concert!

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(Bêtement, je verrais bien Nap Time comme ça…)

Ça débute en douceur, par le crissement mélodieux des griffes de la chatte sur la vitre, à mi chemin entre la fraise du dentiste et les cris d’agonie d’un violon entre les mains de L’Ado. La chatte veut rentrer, pas par la porte fenêtre qui est grande ouverte, mais par celle d’a côté, beaucoup plus jolie visiblement, et bien sur fermée. Cette fichue bestiole ne s’arrête pas là, puisqu’elle vient ensuite se poster devant la chambre de Bébé 5, pour réclamer en hurlant à manger. Cette fois, c’est entre les râles de l’exorciste et le bruit d’une craie sur un tableau mouillé, mais amplifié plusieurs fois. Pourquoi à l’étage et devant la porte du bébé? Alors que sa gamelle est en bas dans la cuisine et que Bébé 5 a plutôt tendance à vouloir lui piquer ses croquettes qu’à lui en donner…

C’est à ce moment que retentit un grand bruit sourd, ça vient de la porte d’entrée! C’est une attaque médiévale à coup de bélier? Les indiens? Un chauffard qui est a dérapé jusque dans la porte? Un éléphant échappé du zoo? Non, c’est l’Ado qui a oublié ses clés et essaie de défoncer la porte pour rentrer. Ça l’a d’ailleurs mis de mauvaise humeur, il grommelle bruyamment, balance ses chaussures dans le mur, met la musique à fond, ressort de sa chambre en claquant la porte, et se poste devant celle de bébé 5 pour réclamer en hurlant à manger (vous noterez la ressemblance frappante avec la chatte). Il fait part toujours bruyamment de son mécontentement car il n’y jamais rien pour se nourrir ici, et il est au bord de l’inanition. Il prend une pizza, y rajoute des frites, des nuggets de poulet, et après réflexion, du maïs et une tomate, pour rester healthy, et un peu de gruyère râpé pour le calcium bien sur. Il enclenche le micro onde dans un torrent de jurons bilingues. Puis il s’endort la tête appuyée dans le frigo ouvert.

Heureusement, le téléphone le réveille juste à temps pour sortir sa pizza du four, dans une traînée de fromage fondu. Pas d’affolement, c’était juste un vendeur qui voulait savoir si je songeais à faire refaire la toiture, puisque je viens de changer le canapé. Ah. Pas de soucis, les tuiles ne fuient pas, et on a bêtement installé le canapé dans le salon, pas sur le toit. Et depuis quand les magasins d’ameublement vendent mon numéro aux couvreurs? Mais ça a mis en forme le téléphone, qui veut jouer aussi. J’ai ensuite droit à l’enquête d’opinion, menée depuis un call center en Inde. Et les indiens ont un accent charmant, certes mais quand même particulier en anglais. Moi aussi. C’est l’incompréhension totale de part et d’autre. Au bout de cinq minutes de dialogue de sourd, je raccroche. Ouf, il était temps, j’aurais pu manquer l’appel du "no win no fee" du jour (ce sont des franchises de cabinets d’avocats qui proposent de monter des dossiers de compensation pour tout et surtout n’importe quoi). Aujourd’hui, c’est pour les erreurs médicales, hier, c’étaient les accidents du travail. Si je les croise un jour, ils risquent effectivement l’accident du travail.

J’ai juste le temps de souffler un peu, bercée par le bruit de la tondeuse des voisins, modèle pétrolette à amplificateur et les aboiements stridents de leur chien, une espèce de caniche choucrouté aux cris suraigus, et revoilà l’Ado, flanqué de la chatte, qui retourne le salon en tout sens à la recherche de son i-phone. Il entame de déplacer les meubles dans un boucan d’enfer. Je lui demande gentiment de la fermer, d’arrêter son p*tain de bordel, et d’éponger les dégâts de la chatte, qui a peur du chien des voisins. Ça suffit comme ça! Je veux mes cinq minutes de paix. C’est d’ailleurs ce que me propose l’illuminé religieux qui vient de sonner, la paix et la joie avec Jésus. Attention, je vais mordre.

Et voilà, c’est la fin de la sieste. Tous ces bruits ont eu raison du sommeil de Bébé 5. De toute façon, il faut aller chercher les filles à l’école. Une copine bien intentionnée et sans enfant me disait vendredi: Tu dois te reposer et en profiter pour faire plein de choses quand Bébé 5 dort non? Grrr…


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