C'est désormais malheureusement de plus en plus vrai, il ne faut plus parler d'information mais bel et bien de propagande. Pensez-vous, dans une France en crise certains osent encore se battre pour leurs droits, pour la défense du service public et vont même jusqu'à utiliser l'arme suprême : la grève. Evidemment, cela ne peut être qu'une honte pour des médias aux mains d'entreprises capitalistes comme Bouygues, Dassault et consorts. Pour eux, les cheminots ne sont donc que des feignants de gauchistes, des rouges qu'il faut éliminer.
Pour cela, tous les moyens sont bons, à commencer par le sempiternel usage d'une information très orientée, et d'un vocabulaire guerrier. Une fois de plus on a des dizaines de reportages sur des usagers en colère, "pris en otage" puisque c'est désormais le seul vocable utilisé. Mais cette fois-ci, ils ont un moyen inédit de déstabilisation du mouvement : la grève tombe pendant les épreuves du bac. Depuis deux ou trois jours, on a donc une profusion d'interviews de lycéens stressés à l'idée d'arriver en retard dans les chaumières.
Paniquez bien dans les chaumières, les cheminots sont d'horribles mécréants qui s'en prennent à vos enfants. Peu importe qu'au final cela ne concerne que peu de monde, peu importe que de toutes façons chaque famille va s'arranger, peu importe que le gouvernement prenne lui aussi les dispositions nécessaires, peu importe qu'en vérité aucun candidat n'arrive en retard pour les épreuves, peu importe que les cheminots aient parfois eux aussi des enfants concernés par le bac, ce qui compte c'est de discréditer le mouvement de grève et au-delà de s'en prendre au droit de grève.
L'essentiel, les raisons de la grève ? Vous ne les connaitrez pas en restant branchés sur vos télés ou vos radios, ou alors succinctement, juste le temps de vous dire que la réforme est juste, qu'elle permettra de sauver la SNCF et que la grève est donc injustifiée.
Pourtant la réforme, cause du mouvement, existe bien. Elle consiste essentiellement à réunir Réseau Ferré de France et la SNCF en créant une troisième entreprise qui les chapeauterait. Une nébuleuse industrielle, ingérable qui n'a dans l'esprit des cheminots qu'un objectif, préparer la privatisation et ce d'autant plus que la réforme ne s'attaque pas au problème principal : la dette de la SNCF.
Leur méfiance est justifiée. Comment en France faire confiance pouvoir, de gauche comme de droite, quand on traille dans une entreprise publique et que l'on sait que c'est avec des procédés similaires qu'ils ont privatisé Air France, France Télécom, GDF, et EDF en grande partie. Et à chaque fois la qualité du service s'est toujours dégradée, et à chaque fois le nombre de salarié à fortement diminué.
Voila donc comment nos médias français réussissent à décrédibiliser un mouvement légitime. Le but unique étant à plus ou moins long terme de justifier une casse du service public ferroviaire et de le privatiser.