Lorsque j’étais encore lycéenne, j’avais lu Si c’est un homme. Et je me souviens avoir été bouleversée par ce texte. En même temps, comment ne pas l’être ? Je l’avais lu en français. Il y a quelques semaines de cela, alors que je regardais quels livres ma médiathèque proposait en Version Italienne, je suis tombée sur celui-ci. L’occasion pour moi de relire ce témoignage, mais cette fois-ci dans sa langue originale.
Synopsis
Ce livre est sans conteste l’un des témoignages les plus bouleversants sur l’expérience indicible des camps d’extermination. Primo Levi y décrit la folie meurtrière du nazisme qui culmine dans la négation de l’appartenance des juifs à l’humanité. Le passage où l’auteur décrit le regard de ce dignitaire nazi qui lui parle sans le voir, comme s’il était transparent et n’existait pas en tant qu’homme, figure parmi les pages qui font le mieux comprendre que l’holocauste a d’abord été une négation de l’humain en l’autre. Si rien ne prédisposait l’ingénieur chimiste qu’était Primo Levi à écrire, son témoignage est pourtant devenu un livre qu’il importe à chaque membre de l’espèce humaine d’avoir lu pour que la nuit et le brouillard de l’oubli ne recouvrent pas à tout jamais le souvenir de l’innommable, pour que jamais plus la question de savoir "si c’est un homme" ne se pose.
Mon avis
Premièrement, Si c’est un homme n’est pas un livre qu’on aime ou qu’on n’aime pas. Il me semble difficile, voir impossible de dire que l’on aime pas ce texte de par la véracité et l’atrocité du témoignage. Sans faire dans le politiquement correct, ce serait presque un manque de respect envers l’auteur que de dire « Ce livre ne m’a pas plu ». A contrario, peut-on adorer une histoire telle que celle-ci ? Personnellement, ça me semble tout aussi difficile de dire que lire l’histoire d’un homme ayant réchappé aux camps de la mort soit top…
Non, ce livre n’est pas là pour être apprécié, mais pour témoigner, tenter de faire comprendre ce qu’étaient le quotidien dans le camp d’Auschwitz.
Deuxièmement, il semble évident que vu la portée de ce témoignage, on évitera de se lancer dans une critique sur le style littéraire. Faire une analyse de champ lexical me semble hors de propos.
Mais si c’est un homme est un livre malheureusement nécessaire à connaître.
Simplement parce qu’il s’agit de l’Histoire. Une histoire relativement récente. Et si les documentaires et les livres concernant les atrocités commises dans les camps sont nombreux, ce roman est sans conteste l’un des plus bouleversant. Aucun détail n’est laissé de côté, que ce soit les aspects purement pratiques, tels que l’organisation de la journée, la disposition ou taille des couchettes… que les conditions physiques et psychologiques des détenus. Primo Levi n’oublie rien.
Mais ce qui rend ce livre si dur émotionnellement, c’est la neutralité avec laquelle s’exprime Primo Levi. A travers ses mots, aucune colère ne pointe, la rancœur ne se fait pas sentir non plus. Et il faut avouer qu’après une telle expérience, on pourrait s’attendre à ce que l’auteur ait envie de crier sa haine envers ceux qui lui ont fait subir tout ça ! On remarquera d’ailleurs que jamais l’ennemi n’est cité nommément. Il semble ne pas avoir de visage, et pour ma par j’ai trouvé cela vraiment troublant. Car le fait de ne pas les nommer peut être interprété comme l’inverse de ce qu’on subi les détenus : à savoir l’oubli de leur nom, la déshumanisation… Chose que Primo Levi se fera un point d’honneur de leur rendre dans ce récit, non seulement en les nommant, mais également en nous racontant leurs histoires, leurs origines. Ce roman n’est plus seulement l’histoire de Primo Levi, mais devient par son biais l’histoire de ces hommes.
Mais ne pas nommer l’ennemi, c’est également rappeler qu’il s’agit bien de l’Être Humain qui a commis ces atrocités, sur ses semblables. C’est rappeler jusqu’où est capable d’aller l’Homme dans la barbarie…
Pour résumer, Si c’est un homme est un livre dur, mais un témoignage hélas plus que nécessaire.
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