Dès la couverture au porc-épic couronné, on a le regard attiré par ce travail exigeant et original. Quelle finesse dans ces dessins en noir rehaussés d’un rien de couleur. Sur une thématique connue, "qui n'a pas rêvé d'être un animal?", la Française pose un regard amusé et décalé.
Dans ce livre inventif et délicat, elle répertorie une trentaine d’animaux puis joue humoristiquement avec leurs symboles. "Quand je serai Chien, j'aboierai sans raison, et sans raison, on me félicitera!", est la première double page, à la typographie bien choisie.
"Quand je serai Chien,..." (c) Seuil Jeunesse.
L'album se poursuit avec "Quand je serai Lion, je n'aurai plus besoin de galette pour être roi ni de doudoune pour me tenir chaud", puis "Quand je serai Baleine, dans la cachette des sirènes on chantera tout bas." Chaque fois, l'illustration en regard, présentant le couple animal-enfant, apporte ses propres informations au texte en plus d'être extrêmement agréable à détailler.
Le procédé se répète une trentaine de fois, sans jamais lasser car les angles avec lesquels les animaux sont abordés varient de page en page, tradition, quotidien, contes, vécu... A noter la jolie formule: "Quand je serai Chien, Lion, Baleine, Hibou, Koala, Loup...", sans article devant le nom de l'animal choisi. Avec tout cela, Aurélia Alcaïs réhabilite joliment les rêves des enfants, elle les laisse s'exprimer, leur permet d’être un animal. "Le pouvoir du rêve est le début de toute création", analyse-t-elle, "il donne de la joie et la joie amplifie nos désirs et les aide à se réaliser."
L'artiste sait de quoi elle parle quand il s'agit de création. Elle baigne dans l'art et les images depuis qu'elle est toute petite: son père est peintre et sa mère galeriste. Elle-même est comédienne, photographe et illustratrice. Dans son travail, elle vise toujours l'improvisation et l'esthétique. Sa recherche porte souvent sur la façon dont l'enfant s'éveille à la beauté. "Quand je serai un animal" en est un merveilleux tapis rouge.