Le constat – Nouvelle édition

Publié le 16 juin 2014 par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique « le constat » : Entre autoroute et chemin de traverse, le choix n’est pas toujours facile.

Dessins, couleurs et Scénario de Etienne Davodeau

Public conseillé : adultes

Style : french-road-movie Paru chez Dargaud, le 23 mai 2014


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L’histoire

Trois individus, trois âges de la vie : Rose, jeune femme spontanée et vive, Vincent, homme fait embourbé dans une situation plus dangereuse qu’il ne le laisse accroire, et Abel, vieillard désabusé, revenu de ses convictions, qui tente de trouver un sens à la fin d’une vie passée trop vite.
Chacun apportera un peu de lui aux autres, leurs univers se mêleront, se percuteront, blessant parfois. Et la route continue.

Ce que j’en pense

Le road-movie n’est pas un exercice récent. Homère avait ouvert la voie. Mais il a l’avantage d’offrir une base scénaristique autorisant les variations de décor, les rencontres et les rebondissements au gré du chemin. Idéal pour un jeune auteur.
Et c’est un jeune auteur qui nous livre Le constat : Etienne Davodeau n’en était en effet qu’à son quatrième album lors de la première édition de ce «one shot» en 1996. Le constat est un album charnière : le trait s’épure, le style s’affirme, concrétisant l’évolution constatée dans la trilogie Les amis de Satiel. On n’a pas encore la maîtrise ni la subtilité du très apprécié Les ignorants, mais la patte Davodeau se dessine clairement.
Le scénario n’est pas en reste : si le thème politique cher à l’auteur est très présent, il est surtout prétexte aux doutes d’Abel sur son investissement pour une cause qui lui aura coûté sa famille, sa foi, sa vie ; et il côtoie sans difficulté cet autre thème, celui de l’ingénieur, Vincent, séduit par l’argent « facile » qui passera du statut de voleur de télévisions high-tech à celui de traficant de plutonium. Un peu par amour aussi.
Rose est la fraîcheur, la respiration, l’espoir. Libre par choix, elle est le hâvre de paix, la parole qui calme, le guide vers un lieu sûr peuplé de grandes gueules, de routiers balourds et de cuisinières mal embouchées, masquant tendresse et amitié de leur caractère bien trempé.
Et de la tendresse il en faudra pour échapper à ce monde de brutes, qu’elles soient supporters de football, malfrats vicieux ou adhérent d’un quelconque parti fleurant la chemise brune.

Le dessin

Il cherche, il essaie, il approche. On sent le grand auteur. Même si l’effort se relâche parfois (p 54, p 88, …). Mais c’est ce qui fait le charme des œuvres de jeunesse.

Pour résumer

Si vous aimez Davodeau, ou que vous souhaitez le découvrir, faites aussi un passage par Quelques jours avec un menteur, petit régal incontournable (les avis divergent) découvert à Angoulême en 1996. L’année dernière quoi.