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Qui a eu l'insigne honneur d'être baptisé "Le plus mauvais poète du monde" ? L'auteur de ces mémorables vers ?:
"Il y a je t'aime et je t'aime, Je t'aime trop je t'aime bien Il y a je t'aime et je t'aimeJe ne t'aime plus je t'aime loin"
Effectivement, il aurait sans aucun problème pu postuler au
titre... mais non. Il s'agit de l'Ecossais William McGONAGALL
(1825-1902), tisserand de profession et se lança à l'âge de 47 ans pour se
lancer dans l'art poétique. Le plus mauvais peut-être mais vendredi
dernier une collection de 35 de ses oeuvres s'est vendue aux enchères
pour plus de 6600 livres m'a appris l'AFP alors que je ne lui demandais
rien. Le plus mauvais peut-être mais je connais beaucoup de
pseudo-artistes ailleurs qui aimeraient bien voir leur côte atteindre
de tels sommets ("Il y a je t'aime et je t'aime"). Je cite l'AFP, puisqu'elle est toujours là:"... Mais ses vers
sans inspiration et ses rimes approximatives ou plates comme la main
lui ont rapidement valu une réputation peu envieuse, la population
allant jusqu'à lui lancer des fruits et légumes à chacune de ses
lectures publiques. (...) Les critiques de l'époque, consternés par l'indigence de son
inspiration, l'avaient cruellement baptisé le "plus mauvais poète du
monde". McGonagall s'était notamment spécialisé dans la poésie des
catastrophes en tous genres".Le poème le plus connu de McGonagall, "The Tay Bridge Disaster",
raconte l'un des plus terribles accidents ferroviaires qui toucha
l'Angleterre, l'effondrement du pont enjambant la rivière Tay à Dundee,
sa ville de naissance, le 28 décembre 1879. Il n'y eut aucun survivant parmi les 75 passagers et les
membres de l'équipe et seuls 46 corps furent retrouvés."Beautiful Railway Bridge of the Silv'ry Tay!
Alas! I am very sorry to say
That ninety lives have been taken away
On the last Sabbath day of 1879,
Which will be remember'd for a very long time."Dit comme ça j'avoue que j'aime assez ("Je t'aime trop je t'aime bien"). Je serais presque tentée de lancer une grande opération "Non William McGonagall n'est pas le plus mauvais et j'en ai la preuve ("Il y a je t'aime et je t'aime")"...
mais bon, je doute que ça lui importe beaucoup maintenant, lui qui
mourut sans le sous et fut enterré dans un petit cimetière d'Edimbourg - il a quand même eu droit à sa plaque, et je connais beaucoup de
pseudo-artistes qui aimeraient bien avoir une belle plaque eux-aussi ("Je ne t'aime plus je t'aime loin").Mais
je vois que je vous ai mis l'eau à la bouche avec les 5 premiers vers
de "The Tay Bridge Disaster"... D'accord, d'accord, je vous donne la suite,
mais seulement si vous vous essuyez. Merci. La voici."Twas about seven o'clock at night,
And the wind it blew with all its might,
And the rain came pouring down,
And the dark clouds seem'd to frown,
And the Demon of the air seem'd to say-
"I'll blow down the Bridge of Tay."
When the train left Edinburgh
The passengers' hearts were light and felt no sorrow,
But Boreas blew a terrific gale,
Which made their hearts for to quail,
And many of the passengers with fear did say-
"I hope God will send us safe across the Bridge of Tay."
But when the train came near to Wormit Bay,
Boreas he did loud and angry bray,
And shook the central girders of the Bridge of Tay
On the last Sabbath day of 1879,
Which will be remember'd for a very long time.
So the train sped on with all its might,
And Bonnie Dundee soon hove in sight,
And the passengers' hearts felt light,
Thinking they would enjoy themselves on the New Year,
With their friends at home they lov'd most dear,
And wish them all a happy New Year.
So the train mov'd slowly along the Bridge of Tay,
Until it was about midway,
Then the central girders with a crash gave way,
And down went the train and passengers into the Tay!
The Storm Fiend did loudly bray,
Because ninety lives had been taken away,
On the last Sabbath day of 1879,
Which will be remember'd for a very long time.
As soon as the catastrophe came to be known
The alarm from mouth to mouth was blown,
And the cry rang out all o'er the town,
Good Heavens! the Tay Bridge is blown down,
And a passenger train from Edinburgh,
Which fill'd all the peoples hearts with sorrow,
And made them for to turn pale,
Because none of the passengers were sav'd to tell the tale
How the disaster happen'd on the last Sabbath day of 1879,
Which will be remember'd for a very long time.
It must have been an awful sight,
To witness in the dusky moonlight,
While the Storm Fiend did laugh, and angry did bray,
Along the Railway Bridge of the Silv'ry Tay,
Oh! ill-fated Bridge of the Silv'ry Tay,
I must now conclude my lay
By telling the world fearlessly without the least dismay,
That your central girders would not have given way,
At least many sensible men do say,
Had they been supported on each side with buttresses,
At least many sensible men confesses,
For the stronger we our houses do build,
The less chance we have of being killed."
Images: La plaque sus-citée et un poète (avec un mouton).