Il fait chaud en Ile-de-France ce vendredi 6 juin, le parc des Noues qui accueille le festival Montereau Confluences n’est pas épargné. J’ai raté mon train, je suis en retard, j’ai fait mon Usain Bolt gare de Lyon, après avoir pris métro, rer et raté mon transilien. Thanks god on me dit qu’ils sont encore ok pour l’interview. Je rencontre donc la moitié de Kodaline, Mark (guitariste) et Steve (chant) derrière la scène 2 sur laquelle ils vont se produire plus tard dans la soirée (cf. live-report). On s’installe dans leur petite caravane rétro super cute, et c’est parti pour l’interview des premières fois. Grosse complicité entre les deux, du sérieux, des flashbacks, des vannes et des rires. Beaucoup de rires.
(Pour lire l’interview en anglais cliquez ici/To read the original version click here)
Steve (sérieux) par Mark
Première fois que vous vous êtes rencontrés ?
Steve : Et bien … (rires)
Mark : (rires) On s’est rencontrés à l’école.
Steve : Ne verse pas ta petite larme hein !?
Mark : Tu veux le raconter ou pas ?
Steve : Je t’en prie, vas-y.
Mark : On se connaît depuis très longtemps. On s’est rencontrés quand on était enfants, car on allait dans le même genre d’établissements. Mais la première fois qu’on a vraiment traîné ensemble c’était au skateboard. Ou au football, je ne me souviens plus, ça remonte à loin. C’était magnifique.
Steve : C’était une journée magnifique (Mark rigole). On se connaît depuis qu’on est mômes, on a grandit dans le même quartier [n.d.l.r. : Swords à Dublin], on faisait du skate ensemble. Un jour Mark a eu une guitare, il savait que j’en faisais aussi, et il m’a demandé de lui montrer quelques trucs. C’est comme ça qu’on a commencé à jouer tous le temps ensemble.
La première répétition ?
Mark : Elle a eu lieu chez mon voisin à cette époque-là.
Steve : C’était un super batteur.
Mark : Notre premier batteur était mon voisin, il habite toujours là d’ailleurs. Nous répétions dans son salon. On y restait facilement 10 h par jour, à jouer inlassablement les mêmes morceaux.
Steve : On n’avait pas de micro, donc on jouait …
Mark : … du rock.
Steve : On faisait constamment des solos. Il y a bien eu quelques plaintes d’affilées pour le bruit, mais c’était il y a tellement longtemps. C’était cool comme période d’ailleurs. Et puis au skate on a rencontré Vinny notre batteur actuel. Depuis on joue toujours ensemble. Et enfin, il y a deux ans, on a rencontré Jay, notre bassiste.
Premier concert ensemble ?
Mark : White Stripes !
Steve : J’avais 18 ans je crois.
Mark : Non, le concert des White Stripes était avant.
Steve : Tu as raison, j’avais 16 ans.
Mark : Est-ce que ça se serait pas Thin Lizzy ?
Steve : Oui c’était bien Thin Lizzy, à 14 ans.
[Je leur dit que je ne connais pas, ils se mettent à chanter "The Boys Are Back In Town" super synchro]
Steve : C’était un ancien groupe irlandais super connu. Il y a même une statue du chanteur dans Grafton Street à Dublin ! Ils étaient quand même bien connus. Je pensais que c’était aussi le cas en France non ?
Mark : Ils étaient connus partout oui.
Steve : Et "Dancing in the moon light" ?
[Ils se mettent tous les deux à chanter l'intro de basse en claquant des doigts. Je leur dit que je vais écouter ça].
Mark qui essaye de taper la pose – pris par Steve
Premier album que vous avez acheté ?
Mark : Mon premier album devait être … Five’s Greatest Hits.
Steve : Est-ce qu’ils ont eu des grands succès au moins ?
Mark : Tu sais, Five, le boys-band ?
[Face à ma tête dubitative]
Steve : Tu n’as pas besoin d’écouter ça par contre.
Mark : Non, ils sont vraiment affreux.
[Je leur dit que je ne juge pas, car le mien était Robbie Williams]
Steve : Je crois que j’ai aussi acheté "Millenium" ! J’ai acheté mon premier CD à 7 ans, c’était du Elvis Presley, 1957-1960. Je ne me souviens plus où je l’ai acheté, mais c’était un bon CD.
Premier artiste auquel vous pensez quand on vous dit "Irlande" ?
Steve : Van Morrison ou U2 !
Et vos préférés ?
Steve : Van Morrison.
Mark : Rory Gallagher. Bon, même si Van Morrison est surement notre préféré.
Steve : Mec, c’est un dieu !
Mark : Il y a aussi Ronnie Wood (Steve pouffe). Ah non, Ronnie Drew, le chanteur des Dubliners.
Steve : Oui, les Pogues ou les Dubliners aussi.
La première chanson que vous avez écrite ensemble ?
Steve : Ca devait être quand on avait 15 ans, une chanson qui s’appelait "Hold On", et une nouvelle fois elle était bourrée de solos.
Mark : Du pur rock (rires). On ne la joue plus.
Steve : Après on en a écrit une autre qui s’appelle "Wild".
Mark : Un classique !
Steve : Qu’est-ce qu’on a d’autre ? (il se met à chanter une vieille chanson à eux…)
Mark : "Addicted" ! On se disait genre "ajoute un peu de mou"…
Steve : On ne savait pas vraiment comment faire de la musique, on faisait plus des solos et des effets de guitares, contrairement à ce qu’on fait maintenant pour écrire des chansons. Certaines de nos compos étaient vraiment horribles.
Mark : Oh oui, il y avait vraiment de la merde.
Steve : On avait même ce petit enregistreur, j’en avais donné un à Mark. Il y avait beaucoup de nos sons dessus. Il doit y en avoir un chez moi, tu l’as encore toi non ?
Mark : J’en ai encore un que j’avais acheté après, je crois qu’il y a plus de 200 chansons dessus.
Steve : Je voulais travailler dessus et sortir un CD avec ça, voir si ça pourrait marcher.
Mark : C’est épouvantable, je voudrais que ça disparaisse !
Steve : Sérieux ? Tu ne sais pas ce que ça peut donner …
Premier festival comme spectateur ?
Mark : Electric Picnic !
Steve : C’est un festival en Irlande; après on est allés en faire beaucoup au Royaume-Uni. On en a fait au moins 30 l’année dernière.
[Ayant entendu "tutle", je leur demande de quel festival il s'agit. Ils rigolent, et Mark m'explique que c'est "thirty", 30 festivals donc]
Mark : C’est l’accent irlandais ça !
Premier festival en tant que groupe ?
Mark : On a du en faire un en Irlande avant Independance Day.
Steve : Independance Day était le dernier de cette tournée là. On a joué dans des petits festivals, je ne me souviens pas de leurs noms, mais c’était assez varié.
Mark : 200 personnes en général.
Steve : C’étaient de très petits festivals, tout le monde était bourré, et personne ne nous écoutait.
Première chose à laquelle vous pensez quand vous montez sur scène ?
Steve : "J’espère que je ne vais pas tomber".
Mark : Je ne sais pas trop, je ne pense à rien tant que je n’ai pas ma guitare en main.
Steve : Ces derniers temps, dépendamment de ce qu’on joue comme chanson d’ouverture, vu que je joue du tambourin, je croise les doigts pour que ce tambourin soit bien sur scène, car sinon je ne saurais pas quoi faire de mes mains.
Creepy Steve – immortalisé par Mark
Première chose que vous vous dîtes en sortant de scène ?
Mark : Habituellement si c’est un concert assez long, c’est "où sont les toilettes" ? Ou "où est-ce qu’on va, où est la fête ?"
Steve : Ouais c’est ça, "qu’est-ce qu’on fait ?", "est-ce que tu veux une bière ?", "est-ce que tu as une bière ?"
Première grosse désillusion musicale dans votre carrière ?
Steve : Quand on était jeunes avec notre premier groupe …
Mark : … on a perdu un concours.
Steve : En fait on a perdu un concours musical de talents [n.d.l.r. Kodaline qui s'appelait alors "21 Demands" était finaliste de la saison 5 de "You're a Star", un télé-crochet irlandais]. On est arrivés deuxième, on était très confiants, trop confiants même. On avait beaucoup répété, et on pensait vraiment qu’on était meilleurs que ce qu’on était réellement. Je pense d’ailleurs que pas mal de personnes pensent ça quand elles commencent un instrument, on s’imagine qu’on est super doués. On voulait tous un solo, et on pensait vraiment qu’on allait gagner. C’était une petite compétition, mais ça nous a vraiment fendu le coeur. Des labels sont venus nous voir après le show, puis ils sont partis. La raison principale pour laquelle on est restés positifs c’est qu’on a continué à écrire des chansons, jouer de la musique … parce qu’on n’avait plus rien d’autre.
[Je leur demande l'année ...]
Mark et Steve : 2006 !
Steve : C’était un lundi soir, l’année 2006, le soleil brillait dans le ciel (rires)…
Première critique ?
Mark : On n’a jamais reçu trop de critiques violentes.
Steve : Un jour on a eu une critique dans Q Magazine, qui est un gros magazine musical au Royaume-Uni. En fait, j’ai presque aimé dans la mesure où c’était tellement mauvais, que ça n’avait plus aucun sens. Le journaliste n’avait clairement jamais écouté l’album, il ne parlait d’aucun titre en particulier. C’était juste méchant. Mais bon, chacun son opinion … Ce qui est plus embêtant c’est que quand quelqu’un écrit une mauvaise critique sur nous au Royaume-Uni alors qu’on y joue en festival, on peut avoir des problèmes avec le public. L’année dernière ça s’est très bien passé, c’était fou, il chantait toutes les paroles avec nous. Le plus important c’est que les gens qui nous écoutent nous connaissent bien, et qu’ils ne lisent et n’écoutent pas tout ce qui se dit sur nous.
Mark par Steve, avec effet de zoom
Donc vous ne lisez vraiment rien de ce qui est écrit sur vous ?
Steve : Non, pas vraiment.
Mark : Ou alors juste quand quelqu’un écrit que c’est bien…
***
Je leur demande de se prendre mutuellement en photo pour illustrer l’interview. "On peut faire ça, on le fait souvent entre nous" me dira Mark. On finit l’interview en parlant des festivals français qui sont "toujours cools" selon Steve. Tant mieux, parce qu’on veut vite les revoir sur scène.
Ils seront aux Déferlantes le 7 juillet, le 8 aux Soirs d’Eté, le 3 août à Osheaga et le 25 septembre à La Cigale.
Un grand merci à Sophie ! Et merci à mes Irish décodeuz Emilie et Juliette pour leur aide précieuse.