"Ne jamais frapper quelqu’un sans être certain de pouvoir l’achever", disait un jour un responsable de la DGSE. Un peu de cynisme ne nuit pas: si elle résulte, comme nous l’avions déjà souligné, des tergiversations américaines en Syrie, suscitant la multiplication des vocations jihadistes, l’offensive des combattants de l’Émirat Islamique en Irak et au Levant (EIIL) ne comporte pas que de graves inconvénients. Elle ouvre même la possibilité d’un contrepoids aux influences iraniennes dans la région et, en particulier, à l’axe Téhéran-Damas-Hezbollah. Mais, ce que d’aucuns auraient "béni" hier, les mêmes pourraient aujourd’hui le "honnir".
Les soudaines et fulgurantes avancées de l’EIIL en direction de Bagdad n’interviennent pas au hasard: outre l’intransigeance du Hezbollah, déjà engagé auprès de Damas, sur le "soutien impératif à la Résistance" du futur président libanais, les tentatives du président syrien de peser sur cette élection en soutenant publiquement, comme à la pire époque de l’occupation du pays du cèdre par la Syrie, le général Aoun, il s'agit surtout, entre négociations secrètes et discussions désormais bilatérales, de l'engagement diplomatique des États-Unis, peu apprécié de l’Arabie saoudite, en faveur de l’Iran.
L’ambivalence américaine est, hélas, manifeste : alors que Washington a lâché la France au dernier moment sur d’éventuelles frappes militaires contre Damas, Barack Obama semble nettement plus prompt cette fois-ci à lancer ses drones contre le "nouvel ennemi déclaré" de Bagdad: il y va sans doute des juteux contrats commerciaux avec Téhéran auquel il convient de plaire. "Mille arrangements, jamais de défaite", dit le Chiite.
Les Peshmergas kurdes n’ont attendu ni les Américains, ni l’ONU pour décider de s’emparer – et protéger – la ville stratégique de Kirkouk. Eux aussi ont leur proverbe: sois fort et tu auras des amis. Sois faible et tu n’auras que des protecteurs!