En direct de la coupe du monde de football : JF Lecampion livre le témoignage du Brésilien au quotidien

Publié le 15 juin 2014 par Gezale

(photo JF Lecampion)

Alors que la coupe du monde de football bat son plein (enfin presque) il ne faudrait pas oublier la réalité de la situation du Brésil, pays émergent, doté de nombreux atouts dont sa superficie, ses milieux naturels, sa démographie, sa société métissée, mais marquée par des injustices sociétales nombreuses et des scandales de corruption très importants, même dans le cercle restreint de l’actuel pouvoir. Jean-François Lecampion, originaire de Louviers, vit depuis plusieurs décennies dans une grand ville du nord-est du Brésil où il s’est établi et a fondé une famille. Il se trouve que notre amitié, datant des années de lycée, n’a jamais cessé et c’est avec plaisir que je lui ai demandé quelques éléments permettant aux lecteurs de ce blog de se faire une idée plus proche des réalités de la population brésilienne.
« En 2014 le taux de croissance sera de 1,4 % soit nettement moins que durant les années Lula. L’inflation est de 7 % par an, idem pour le taux de chômage mais là où le bat blesse c’est quand on apprend que la productivité y est faible. « Le climat actuel, précise Jean-François, est très différent du climat qui régnait lors de l’attribution de la coupe du monde de football. A l’époque la FIFA et l’effet Lula surfaient sur une vague du genre « vous allez voir ce que vous allez voir. Rien n’était trop beau. Les exigences de la FIFA n’étaient que des formalités mais des formalités se chiffrant en milliards de reals.

(photo JF Lecampion)

Pour les Brésiliens la fête a été terminée avant de commencer. Le peuple manque cruellement de l’absence d’investissements primordiaux dans l’éducation, la santé, les infrastructures de toutes sortes (transports, logements etc.) et de nombreux milliards sont mangés par la corruption ou dans de fantomatiques investissements comme les aéroports ou la mobilité urbaine. Les chantiers commencent mais ne sont jamais terminés. Le Brésil ne souffre pas d’une crise économique mais d’une crise morale. Dès juin 2013 des mouvements spontanés ont vu le jour à côté des syndicats ou des partis politiques. « O gigante acordou » (le géant se réveille) scandait la foule. Les politiques, comme tous les politiques répondaient « nous avons entendu votre colère, nous allons entreprendre les réformes qui s’imposent. Puis plus rien. Le géant s’est rendormi. 

(photo JF Lecampion)


Depuis le début du mois le soulèvement est reparti, plus structuré avec des demandes récurrentes : les besoins au quotidien manquent cruellement. Pour en revenir à la coupe du monde de football on peut dire que ce sport est dans l'ADN des Brésiliens. Avec le coup d'envoi, le Brésilien est comme hypnotisé. Le porte parole du ¨ Mouvement des travailleurs sans toits ¨( MTST) a déclaré qu'ils ne manifesteraient pas pendant la coupe. Mais en octobre 2014 vont avoir lieu les élections générales pour le président ou la présidente, les gouverneurs d’états et les sénateurs. Dilma Roussef se présente avec une coalition identique à celle de 2010. Cela ressemble à du Sarkozy faisant élire Mélenchon pour tirer les ficelles en coulisse. »