Un film de Michael Mann (USA) avec Al Pacino, Russell Crowe, Christopher Plummer, Diane Venora, Philip Baker Hall
Brillant.
L'histoire : Lowell Bergman, journaliste à New York, producteur d'une émission à succès sur des sujets d'actualité, reçoit anonymement un colis de recueils chiffrés concernant l'industrie du tabac. N'y comprenant rien, il fait appel à un spécialiste, Jeffrey Wigand, qui travaille chez l'un des plus gros vendeurs de tabac du pays. Mais celui-ci refuse de lui parler, arguant de la confidentialité. Lowell insiste. Il apprend que Jeffrey vient de se faire licencier et comprend vite qu'il semble terrifié par ses anciens employeurs. Flairant une affaire nauséabonde, il tente de persuader Jeffrey de raconter tout ce qu'il sait sur les pratiques des lobbies du tabac... Ils vont finir par déclencher un scandale sanitaire dans tout le pays, aux multiples conséquences.
Mon avis : Au début, le film paraît longuet, lent, les entrevues et incidents divers sont très nombreux, et la comparution de Jeffrey comme témoin vient tardivement. Un peu trop ? J'avoue que je me suis posé la question plusieurs fois : bon, ben, ils vont y arriver, ou quoi ? Mais au fur et à mesure, mes doutes tombaient, parce que toute la beauté et la puissance du film tiennent justement dans cette dissection minutieuse de tout ce qui passe dans la tête de Jeffrey (victime), de Lowell (journaliste engagé), des accusés (les industriels), des dirigeants du journal (on publie ou on s'écrase ?), et de la famille de Jeffrey bien sûr. Tout est hyper juste, les choix à faire sont terribles, les pressions et les rouages qui se mettent en oeuvre peu à peu conduisent à une machine à broyer terrifiante...
Un film extrêmement puissant. D'autant que la réalisation, tout sauf conventionnelle, et multiplie les techniques et les audaces (ça reste discret quand même, mais certains plans et mouvements sont vraiment originaux), amenant un rythme et une vivacité qui donne au film une saveur intense. Et la musique, avec des tonalités un peu orientales, inattendues, est splendide.
Tirée d'une histoire vraie (les noms sont tous authentiques), le film dénonce ce phénomène des temps modernes : l'empoisonnement volontaire de notre univers par des hommes avides de toujours plus d'argent. Et glorifie (merci), ces citoyens courageux, héroïques, prêts à tout perdre plutôt que de laisser faire ce dont ils ont été témoins... Tout comme dans Le mystère Silkwood ou Erin Brockovich. Le témoignage et le soutien inconditionnel du journaliste ont vu aboutir l'impensable : le retrait des plaintes de tous les industriels du tabac et l'abandon de leur pratique visant à intégrer dans les cigarettes des substances aussi addictives que la drogue, afin de vendre encore et toujours plus.
A quand un film sur les ondes éléctromagnétiques dont on nous bombarbe aujourd'hui en quantités hallucinantes avec toute la high technologie et les antennes qui poussent partout comme des champignons ? Toutes les études jusqu'à présent minimisent les effets, voire traitent les personnes qui se plaignent de toqués. Je suis a priori électro sensible et j'ai des acouphènes depuis huit ans. Je peux vous dire que lorsqu'on oublie d'éteindre la wi-fi, mes acouphènes augmentent violemment... Mais ils sont particulièrement forts également le week-end... quand tous les voisins allument aussi leur wi-fi ! Et on nous a installés depuis un peu plus d'un an une superbe antenne à un km de la maison, je la vois de ma fenêtre... Depuis, j'ai des crises régulières entre midi et deux/trois heures. Je suppose qu'il n'y a pas de rapport... je ne vois pas pourquoi ça me ferait ça juste à cette période de la journée ? Poutant, depuis l'installation, on a eu l'occasion de partir trois fois en vacances et là, je n'avais aucune crise majeure entre midi et deux... Je vais enquêter... Je vais faire mon Erin Brockovich !
Autre sujet brillamment évoqué par le film : la presse et les médias, autrefois surnommés "le quatrième pouvoir" parce que, de par leurs dénonciations, les journalistes nous éclairaient sur les diverses corruptions des trois autres (appareils de l'état : exécutif, législatif et judiciaire), en contre-balançants par leurs enquêtes la réalité en lieu et places des "vérités" qu'on nous assène. Or, de plus en plus, on s'aperçoit que ce quatrième pouvoir est affaibli : il est contrôlé par la finance qui soutient les gros industriels... Dans le film, le journal est menacé, s'il publie le reportage de Lowell, d'être racheté par le lobby du tabac. Et donc de perdre toute sa liberté.
Un film superbe, avec deux acteurs en osmose parfaite, malgré les caractères divergents de leurs personnages : l'un effacé, discret, apeuré, l'autre persévérant, teigneux, solide.