Ravagée par des guerres intestines et religieuses, la Terre a connu un vrai retour en arrière moyenâgeux avec cette dualité étonnante : connaissances technologiques du futur et servitude du passé. Urbain IX, pape vaticanais, a lancé une véritable croisade vers la planète Akya, histoire de prendre un peu d'air et de conquérir de nouveaux territoires (ou bien pour d'autres raisons non avouables et non avouées dans ce tome). Pour préparer au mieux sa quête, il a armé un vaisseau, le Saint-Michel, qui à lui seul vaut un pays, en embarquant la fine fleur des troupes militaires les plus affûtées (dont les Méta-guerriers) et d'autres un peu moins motivés, les enrôlés de force (les inermes). Le trajet qui se présente comme une balade sans débordements majeurs (entrainements des troupes, combats d'équipes, chipotages en haut lieu et disputes du leadership) va subir la présence pour le moins pénible du Foudroyeur, super soldat suisse qui a perdu un peu les pédales.
Voilà, Dominium Mundi (livre I) fut le dernier livre lu de la sélection Biblioblog 2014. Une très bonne SF pour finir en beauté.
François Baranger, artiste touche-à-tout, se lance dans ce grand projet que représente la fresque du Dominium Mundi. Il y a consacré dix ans de sa vie et clairement son écrit s'en ressent : ne laissant rien au hasard, il élabore un univers complètement imaginaire en le décrivant scrupuleusement. Et le lecteur ne peut que s'immerger totalement. Bravo pour les descriptions des épreuves très réalistes qu'endurent l'équipe de Tancrède de Tarente (un Méta-guerrier, un des héros de l'histoire) et la charmante Clorinda di Severo. Les personnages sont parfaitement profilés : autour de Tancrède un peu déboussolé par les forfaits de Robert de Montgomery, les frères flamands Liétaud et Engilbert, l'inerme Albéric Villejust, Viviane et Clorinde naviguent à vue en tentant d'échapper vainement à la Legio Sancta (milice romaine) et à cette ombre sans visage qu'est le Foudroyeur.
Rien n'est épargné aux héros : guerre de l'information (et de la désinformation), lutte de pouvoir, amour et trahison, désespoir, quête de la vérité et disgrâce ! Dominium Mundi (Tome 1) reste un excellent pageturner, idéal pour l'été et pour tout moment de la vie. Je me suis éclatée à le découvrir et je n'ai pas vu le temps passer (malgré son nombre impressionnant de pages - et vous connaissez mon goût pour les pavés !) : une vraie gageure de ma part, surtout que je ne suis absolument pas experte en SF (même si je ne refuse jamais ce type de littérature, partant du principe qu'il vaut mieux lire un excellent SF qu'un piètre roman). Je reste impressionnée par la technique (celle de coller au poème du XVIème siècle La Jérusalem délivrée de Le Tasse, sans le trahir) et la maîtrise narrative de l'auteur : François Baranger nous tient en haleine tout le long de ce premier ouvrage sans rien dévoiler sur ce qui attend les héros à Akya, ni le pourquoi du comment de la manœuvre : d'ailleurs la quatrième de couverture du tome I donne plus d'informations que le contenu dudit livre (un comble, non ?). Il me tarde de lire la suite !!! (c'est ballot)
Éditions Critic (591 pages consacrées au texte : oui, vous avez bien lu !)
Lu dans le cadre du prix Biblioblog 2014.
Exemplaire emprunté à Yohan (Biblioblog)
avis : Blackwolf, Coeurdechene, Kissifrot (s'y pique : oui, je suis en grande forme), Dominique, Lune
AND THE WINNER IS
Prix Biblioblog 2014 : bravo à l'auteur qui remporte cette semaine deux très beaux prix de lecteurs (celui du Biblioblog et celui de Océans France Ô)