Titre : LAP !
Scénariste : Aurélia Aurita
Dessinatrice : Aurélia Aurita
Parution : Janvier 2014
Les précédents livres d’Aurélia Aurita ne m’avaient pas laissé un souvenir forcément positif. Mais en voyant son livre « LAP ! » (sous-titré « un roman d’apprentissage »), je n’ai pu m’empêcher de retourner lire un livre de cette dessinatrice. En effet, le LAP est l’acronyme du Lycée Autogéré de Paris. C’est un lycée particulier où les profs et les élèves sont (théoriquement) à égalité et où chacun s’occupe du fonctionnement du lycée (ménage, cuisine…). C’est aussi et surtout un endroit expérimental où une autre façon d’enseigner est testée depuis maintenant trente ans. Étant enseignant, j’étais curieux de connaître un peu mieux le fonctionnement du LAP. Le tout est édité aux Impressions Nouvelles et pèse environ 140 pages pour un format A5.
Le parallèle avec « Retour au Collège » de Riad Sattouf s’impose immédiatement. Aurélia Aurita est lâchée en cours et parmi les élèves et un lien se crée rapidement. Difficile d’être objective, surtout que l’auteure est encore jeune et que les élèves ont, par essence même, un rapport aux adultes particuliers. Après une mise en situation classique sous forme d’assemblée générale, on découvre peu à peu le fonctionnement du LAP avec ses votes, ses embrouilles, ses cours originaux. Le tout est décrit assez objectivement, dans le sens où les aspects négatifs sont signalés régulièrement. Cependant, l’auteure n’hésite pas à se représenter très perturbée par ce qu’il se passe au lycée. C’est le syndrôme du jeune prof : l’envie que tout le monde réussisse, la difficulté de mettre une barrière et ne pas trop tomber dans l’affectif avec les élèves. Clairement, au LAP, c’est encore plus fort ! Il n’est même pas caché que des relations prof/élève ont régulièrement éclaté.
La partie gestion mise en avant
Aurélia Aurita semble avoir été traumatisée par l’enseignement puisqu’elle est très mal à l’aise quand il faut assister à un cours. Du coup, elle n’en parle que de façon anecdotique et c’est bien dommage. C’est avant tout la partie gestion qui est mise en avant. Alors certes, le lycée est autogéré et sa partie gestion est bien évidemment au cœur du projet. Mais les enseignements font également la part belle aux expérimentations. Finalement, c’est un grand recueil de témoignages qui nous est présenté. Pour rester objective, la dessinatrice analyse finalement peu ce qu’elle voit. On la sent séduite par le lieu et les gens (d’autant plus qu’elle n’est qu’observatrice, ce qui est un rôle plus confortable). Mais il y a un vrai manque de recul, de comparaison avec les lycées classiques.
Concernant le dessin, je trouve qu’Aurélia Aurita fait du beau travail. Je n’étais pas fan de son trait, mais elle a progressé et propose un dessin expressif et pertinent, surtout que le livre est fait à 90% de dialogues. Le lavis accompagne bien le trait dynamique de l’auteure.
Mi-figue, mi-raisin pour ce « LAP ! ». Si ce qui nous est présenté est intéressant et la lecture est plaisante, on sent quand même que tout un pan de ce lycée n’est pas traité. Ainsi, on n’est presque jamais en salle de classe. Repaire de gauchistes pour les uns, établissement novateur pour les autres, il y a peu de chance que la lecture du livre vous fasse changer d’avis. Cela risque plus de confirmer vos a priori. A lire si vous aimez les documentaires en bande-dessinée.
par Belzaran
Note : 13/20