Magazine Culture

Danbé, Aya Cissoko & Marie Desplechin

Par Laurielit @bloglaurielit

danbéQue j'aime ouvrir un livre prêté par Stéphie! Je suis sûre de passer un bon moment de lecture, de découvrir encore une petite pépite, cachée là, parmi tant d'autres...

Danbé, cela signifie "dignité" et c'est avec une grande dignité, beaucoup d'humilité, sans excès qu'Aya Cissoko nous livre son histoire. Dans cet ouvrage, hommage à sa maman qui lui a enseigné cette ligne de conduite, le danbé, Aya Cissoko est poignante, touchante. Elle nous explique son arrivée en France, avec sa famille, quand elle était petite pour fuir la misère du Mali mais en découvrir une autre ici, celle des immigrés...ces immigrés, sans argent, parqués dans de vieux immeubles ou cités, subissant le racisme, la pauvreté. Dans cet univers, où Aya va connaître rapidement la souffrance, l'injustice, le racisme, elle ne flanche pas. Elle garde même un souvenir doux de son enfance, grâce à l'amour de son père et sa mère. Son adolescence est celle d'une enfant qui commet de petits vols, d'une jeune femme dure, d'une petite racaille même on dirait de nos jours. Par hasard, elle tente la boxe puis de fil en aiguille, va performer et là c'est le monde des fédérations sportives, des amateurs vs des professionnels, de la compétition de haut niveau qu'Aya décrit.

Ce livre est poignant, touchant...pourquoi? Aya lutte du plus profond d'elle-même jusqu'en surface sur un ring. C'est cette combativité qui m'a fascinée. Je suis sidérée par les capacités de certains êtres humains à pouvoir faire face, continuer à croire en la vie et vivre en connaissant si jeune de telles souffrances et injustices. Et puis je suis sûrement très naïve mais je ne savais pas (ou je ne voulais pas penser) que les incendies d'immeubles d'immigrés pouvaient être aussi intentionnellement criminels. Vous imaginez, perdre son père et une soeur dans un incendie volontairement causé par un tiers, ne pas être indemnisé comme par hasard par la justice Française mais continuer son chemin, sans se retourner, en toute dignité.

« Quand on est le personnage d’une tragédie, on ne s’épuise pas à chercher des coupables. On s’efforce tout juste d’aller jusqu’à demain. C’est ce que j’ai fait pendant des années. Je suis allée d’aujourd’hui à demain. »

« Au destin qui s’acharne on ne peut opposer que la ténacité, et le recommencement. »

Toute la seconde partie sur l'univers du sport amateur, des fédés, m'a énormément appris et ouvert les yeux sur les dessous de ce monde sportif, cet univers puant, il faut le dire, où les fédés ne sont pas au service des sportifs mais du business et où même les médecins font de graves erreurs médicales. Aya, victime d'un mauvais coup est mal diagnostiquée puis mal soignée et cela va avoir des conséquences sur son avenir sportif...et pourtant comme quand elle était plus jeune, cette combativité en elle la pousse à avancer, reprendre des études et tout cela avec une grande et belle dignité. J'ai également beaucoup apprécié la manière dont l'entraîneur d'Aya parle du sport et dont elle-même le vit. Ce n'est pas le graal, la porte de sortie d'une misère comme certains le laissent à penser. C'est une activité, comme une autre, qui peut aider mais il faut vivre à côté. Juste je crois qu'Aya me fascine, m'implore le respect, et la dernière page, hommage à sa famille, est très émouvante.

« Le sport m’a donné une conscience très précise de mon corps. Le respect que je me porte impose aux autres de me respecter. »

« Le plaisir n’a rien à voir avec la boxe. Il faut, pour se battre, avoir ses raisons, une douleur plus profonde, à peine visible, difficile à dompter, et qu’elle seule permet d’exprimer. »

Encore une pépite...et voici le billet de stéphie qui apporte un autre regard sur les deux auteures puisqu'elle a eu la chance de les rencontrer.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Laurielit 3519 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines