Maintenant, je suis définitivement convaincu que je ne bouclerai jamais mon ridicule et prétentieux projet d’écrire “une improbable histoire qui mettrait d’improbables personnages dans des situations encore plus improbables“.
Cette conviction m’est acquise depuis que j’ai lu la “GRAMMAIRE DE L’IMAGINATION” de l’italien Gianni RODARI, dans une traduction de Roger Salomon parue en 1997 chez les éditions RUE DU MONDE.
Le livre, dont l’édition originale remonte à 1973, est présenté par l’auteur comme une “introduction à l’art d’inventer des histoires“.
Gianni RODARI, auteur prolifique et éclectique qui a consacré une trentaine d’ouvrages à tous les genres littéraires (roman, conte, théâtre, poésie) domine parfaitement les règles de l’écriture , ses difficultés, ses pièges et ses possibilités.
Dans cette “grammaire”, l’auteur nous livre une réflexion sur les processus de l’imagination, réflexion nourrie par sa propre expérience auprès des enfants.
Il démontre ainsi qu’inventer une histoire procède d’un processus intellectuel qui fait intervenir les rouages les plus inattendus de l’esprit.
L’apport de G. RODARI est essentiel dans la mesure où il ne théorise pas ce processus mais qu’il le démonte en l’exemplifiant par des cas concrets.
Le livre regorge de références réelles aux différentes possibilités que l’on peut exploiter pour créer une histoire destinée à des enfants à partir de presque rien :
- quand l’enfant pose cette question très simple : “Et après?”, le conteur peut partir sur n’importe quel délire imaginatif.
- quand l’enfant utilise un jouet comme personnage et cela permet de construire toutes les histoires que l’on veut .
- quand l’enfant se prend lui-même pour un protagoniste de l’histoire qu’il écoute, toutes les possibilités sont ouvertes à l’imagination.
Pour ma part, je retiens de ce livre que l’imagination n’est pas à la portée du premier venu et que la créativité n’est pas le produit d’une génération spontanée intellectuelle.
Elles se cultivent, elles se travaillent et nécessite la consultation d’ouvrages comme celui que je propose aujourd’hui qui est “un livre à la fois de pédagogie et de poétique, poétique pour pédagogues et pédagogie pour poètes“.