Eddie Blake est à la fois un homme dévoué au service de sa patrie (il a combattu vaillamment durant la guerre du Pacifique) et initié aux arcanes de la politique américaine. Il fréquente ainsi l'illustre John Fitzgerald Kennedy, mais aussi le reste de la famille, avec qui il parait très proche. JFK est un peu l'idéal sociétal de Blake, qui voit d'un très bon oeil l'accession au poste suprême du jeune sénateur. Mais la femme de celui-ci a une rivale qu'elle ne saurait supporter trop longtemps. Une belle blonde plantureuse que vous ne tarderez pas à identifier, et au sujet de laquelle Eddie Blake, surnommé Le Comédien, est chargé de gérer l'affaire. Une bonne dose de médicaments plus tard, il ne reste plus qu'à faire le ménage et disparaître toutes les traces. Eddie s'occupe des basses besognes, mais il est aussi le pion d'enjeux qui dépassent son entendement. Lorsque le FBI, par l'intermédiaire de J.Edgar Hoover, l'envoie arrêter Moloch, une petite frappe qu'il avait déjà affronté du temps des Minutemen (son groupe historique d'appartenance), c'est pour se rendre compte que dans le même temps, au même moment, Kennedy est assassiné sans qu'il ne puisse rien y faire, bien loin de là. Vous avez dit conspiration?
Barbouzeries et scènes de guerre, complots politiques et arcanes du pouvoir, cet album ressort la panoplie complète de ce qu'on peut attendre d'un personnage comme Le Comédien, qui soulignons le n'est pas le plus récurrent de la saga Watchmen, puisqu'il est assassiné en ouverture. Mais c'est à travers les souvenirs qu'il inspire aux uns et aux autres que l'oeuvre d'Alan Moore se cimente, aussi fallait-il être bien inspiré pour plonger dans les méandres du passé, et inventer un backgroud intelligent pour Eddie Blake. Azzarello est tout plein de bonnes intentions, mais sa trame est franchement décousue, au point de faire sortir le lecteur du récit, lui gâcher un peu l'évolution de l'action. Dommage car tout le premier épisode est assez réussi et prometteur, mais les circonvolutions suivantes paraissent lourdes et sophistiquées. Idem pour la plongée dans la violence sans nom et sans but du Comédien, qui en devient un anti héros à la limite du dégueulasse, à qui on enverrait bien un Frank Castle pour lui briser les deux bras. Coller au coté historique et sortir de cette Histoire des petites histoires, avec la minuscule, pour éclairer les zones d'ombre de ce que nous croyons savoir (comme la mort de Marilyn) était le filon à approfondir, plutôt que de tenter de justifier l'injustifiable, avec un Comédien qui semble tout juste haïssable. JG Jones n'est pas non plus au mieux de sa forme, au dessin. Certes, la plupart de ses planches font le job, mais le travail des expressions du visage, les sentiments et les émotions trop souvent absentes, font de cet album une tentative avortée qui s'inscrit dans ce qui s'est fait de moins passionnant durant le projet Before Watchmen, où nous avons lu des choses bien plus excitantes!