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Undateable & Toujours plus loin (2014) : du flanc-mou au surhomme

Publié le 14 juin 2014 par Jfcd @enseriestv

Undateable est une nouvelle sitcom diffusée sur les ondes de NBC depuis la fin mai. L’action se déroule à Denver alors que Danny (Chris D’Elia), un célibataire endurci vient tout juste de se faire larguer par son colocataire et s’installe avec Justin (Brent Morin), propriétaire du bar Black Eyes. Ce dernier, tout comme ses trois autres amis, sont peu dégourdis en matière de séduction et tout au long des épisodes, Danny se fait un point d’honneur de leur enseigner l’art du flirt, récoltant plus ou moins de succès. De son côté, Toujours plus loin est une récente websérie de 20 épisodes qui accompagne le (véritable) périple de Sébastien Sasseville, un jeune homme atteint du diabète 1 qui s’est donné pour défi de traverser à la course à pied le Canada dans l’espace de neuf mois. Bien que ces deux séries soient de formats et genres à des années lumières, le contraste n’en est que plus fort en ce qui a trait à l’image de la masculinité. La première, diffusée à heure de grande écoute sur un support traditionnel, perpétue l’image de l’homme enfant qui a peur de l’engagement alors que dans la seconde, on cherche à nous vendre le dépassement de soi, malgré l’adversité, sur une plateforme plus marginale.

De la parole aux actes

Dans Undateable, Danny est le charmeur par excellence. Les femmes ne savent lui résister et ses nouveaux amis n’ont cesse de lui demander conseil en la matière. Pour provoquer le rire de l’auditoire, disons qu’on y va avec des mises en situation qui ne donnent pas dans la finesse. Justin est ce qu’on appelle un garçon emo qui ne peut se résoudre à déclarer sa flamme à Nicky (Briga Heelan), une serveuse qui travaille pour lui. Il a auparavant eu une « aventure » avec la sœur de Danny, Leslie (Bianca Kajlich), et par là, on entend qu’ils ont seulement dormi ensemble. Parmi ses autres amis tout autant novices en la matière, il y a Brett (David Fynn) qui a découvert qu’il était gai il y a quelques mois. Celui-ci, pour s’assurer de l’amitié indéfectible de Justin depuis son coming out… veut absolument prendre un bain avec lui. Burski (Rick Glassman) est un geek qui pour attirer les filles se fait conseiller par Danny de ne pas parler durant le rancart (ce qui fonctionne) puis reste Shelly (Ron Funches) qui après quatre épisodes n’apporte absolument rien à l’histoire.

Undateable & Toujours plus loin (2014) : du flanc-mou au surhomme

Dès les premières minutes, on sent l’influence d’autres comédies dans Undateable, à commencer par The big bang theory. Succès d’audience incontestable, on nous transporte dans un univers de petits génies pour qui la physique quantique n’a aucun secret, alors que la vie réelle demeure pour eux toujours un mystère. Dans les deux cas, on retrouve au casting des hommes au physique ordinaire (pour ne pas dire ingrat), confrontés à des femmes canon, à la différence que les protagonistes de la nouvelle série de NBC n’ont pas le charme naïf de leur pendant à CBS et qui plus est, sont plus vieux, mais aussi bêtes, ce qui les rend pathétiques. About a boy est sans conteste l’autre influence. Cette adorable comédie met en scène Will (David Walton), un jeune playboy qui joue le rôle de père ou grand frère de substitut pour Marcus (Benjamin Stockham), le fils de sa nouvelle voisine. Bien que certaines de ses « leçons de vie » fussent peu recommandables, le meilleur de lui-même ressortait lorsqu’il était avec le bambin, alors que les protagonistes d’Undateable ne bénéficient pas d’un tel faire-valoir. Après avoir vu quelques épisodes de la série, la critique Mary McNamara pose à juste titre cette question :« do we honestly need another show in which all the men are varying degrees of moronic, especially the wise-cracking, rigorously immature lead? ». NBC semble penser que oui; voyons si son pari tiendra à long terme.

Undateable & Toujours plus loin (2014) : du flanc-mou au surhomme

Biotherm, producteur désintéressé?

Au mois d’avril, Biotherm, une marque spécialisée dans la conception de produits de soins cosmétiques pour la peau, présentait sa première websérie réalisée par toast studio : Toujours plus loin. Il s’agit en fait de capsules documentaires d’environ trois minutes chacunes suivant l’athlète amateur Sébastien Sasseville qui s’est donné pour défi de parcourir 7 500 km de Terre-Neuve à la Colombie-Britannique dans l’espace de neuf mois. Au fil des épisodes, on nous offre un bon aperçu de toute la discipline que demande un tel défi. Ainsi, on voit le jeune homme courir sur les routes, s’entraîner avec plusieurs physiothérapeutes, prendre des bains de glace, etc. On entre même dans sa sphère privée alors que son périple le mène chez sa famille au Québec. Évidemment, c’est la très courte durée des épisodes qui porte ombrage à la qualité du produit : comme Sébastien est toujours en action, on ne recueille jamais ses impressions prises sur le vif, ce qui fait que la narration peut devenir monotone par moments et sembler un tantinet scriptée. De plus, en l’espace de trois épisodes, on passe du jour #24 au #81. Tout est une question de dosage bien entendu, mais on aurait aimé voir davantage les paysages et routes qu’il parcourt pour nous donner une meilleure idée de l’ampleur (outre la distance) de son périple.

Undateable & Toujours plus loin (2014) : du flanc-mou au surhomme

L’objectif de Biothern en produisant une telle série est double : «véhiculer les valeurs de performance, de technologie et d’innovation» et «inspirer et sensibiliser celles et ceux qui vivent avec le diabète en les convainquant qu’ils peuvent réaliser leurs rêves». Bien sûr, la compagnie cherche à vendre gels et soins hydratants, mais veut aussi accroître sa visibilité et surtout se donner une image positive. D’une part, ses produits ne sont pas en contradiction avec ce que la websérie véhicule (à l’opposé par exemple des McDonald’s qui commanditent les Jeux olymipques). D’autre part, jamais la marque ou ses dérivés ne sont insérés dans les capsules. Biotherm ne fait que suivre une nouvelle tendance qui fait des petits à travers le monde : elle rejoint une clientèle plus jeune grâce à une création sur le second écran qui met en scène un individu et sa cause qui gagnent à être connus. L’alliance ne peut qu’être gagnante.

Undateable et Toujours plus loin sont deux créations distinctes qui mettent en scène des « modèles » masculins aux antipodes. Pour le moment, la stratégie de programmation de la sitcom de NBC porte ses fruits : diffuser deux épisodes par semaine, l’un à la suite de l’autre. 3,84 et 3,82 millions de téléspectateurs étaient présents lors de la première semaine et 2,99 et 2,86 pour la seconde. Les chiffres sont à la baisse, mais constants lors des deux diffusions. Pour ce qui est de Toujours plus loin, une seule capsule de 3 minutes est ajoutée chaque semaine sur son site web et on en prévoit 20. Avec de si courts épisodes diffusés dans un large espace-temps, la marque parviendra-t-elle à retenir l’attention de son public? On peut en douter, mais on l’espère, car la cause est noble.


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