Dança e bola...
Voilà c'est parti. La coupe du monde revient au Brésil vingt-huit ans après la folle épopée des bleus, le penalty raté de Platini, l'état de grâce de Bats, les dernières heures de gloire de l'ange vert. Quel fossé depuis. Sans vouloir verser dans le sentimentalisme réactionnaire, je crois que j'ai arrêté de m'intéresser au football quand celui-ci est devenu une entreprise, le calcul froid de stratégies, l'investissement cynique de portefeuilles qui ne comprendrait jamais la beauté d'un jonglage sans but, les facéties d'un Zico, d'un Waddle, l'art d'un Best ou d'un Cruyff.
C'est à peine si aujourd'hui je connais Messi, Neymar, Benzema. Mon foot à moi, c'est d'abord l'approximation d'un terrain improvisé, sans crampons ni ligne au sol. C'est l'envie de taper dans le ballon, en s'identifiant à Lineker, Maldini, Van Basten. De marquer entre deux pulls posés au sol. C'est l'intelligence politique d'un Socrates, le franc-parler d'un Cantona, l'index songeur d'un Thuram, l'élégance d'un Batistuta. Quand le foot prend une autre dimension, délirante ou tragique.
Sentiment récent, une vague nostalgique et rebelle semble se manifester depuis quelques mois face à l'industrialisation du foot. L'impeccable Vikash Dhorasoo incarne cette intelligence face à un sport qui sombre souvent dans la beaufitude assumée. Non, le football n'est pas plus beauf que le rugby, le hand ou le basket. Au contraire : ce sport doit retrouver ses lettres de noblesse, faites de petites supercheries et de grands moments : la main de Dieu, La panenka ET le coup de boule de Zidane, le "scorpion d'Higuita".
Et à tous ceux qui se demanderaient pourquoi il y a ici, dans un blog musical, un article sur un sport devenu si vulgaire, je rappellerai simplement que foot et musique ont souvent fait bon ménage : les chroniques musicales de Rocheteau dans Onze Mondial, Animals des Craftmen. Bob Marley ou Marvin Gaye aimaient le foot. Nick Hornby en a fait un livre. So Foot défend cette ligne. Et aujourd'hui sort le Petit manuel musical du football, de Pierre-Etienne Minonzio, belle somme des liens entretenus entre musique et football.
Je vous laisse avec le Fatboy Slim presents Bem Brasil et le Ola Brasil de Spotify, deux façons de se convaincre qu'on pourra toujours danser avec un ballon...