[Doctors 2.0] Médecine participative: vers un meilleur usage des outils numériques

Publié le 13 juin 2014 par Pnordey @latelier

Si les réseaux sociaux ont permis de changer la relation du patient à l’égard de son médecin, de nouveaux outils numériques continuent d’arriver sur le marché de la santé: applications, objets connectés… Aux professionnels de s’en saisir pour renforcer ce lien et stimuler les innovations.

“En 2011, on introduisait l'idée que les communautés virtuelles allaient impacter la relation médecin-patient", rappelle Denise Silber, fondatrice de l’événement Doctors 2.0. Le contexte a nettement évolué depuis et mène aujourd’hui à une prise de conscience internationale de l’importance de ces changements. "Ce qui a changé depuis 20 ans est la pénétration de la technologie dans la vie quotidienne des gens.", souligne Larry Chu, médecin-praticien américain et directeur d’un laboratoire à l’université de Stanford. Selon lui, il est normal que le domaine de la santé soit impacté. "Presque tout le monde a un ordinateur dans sa poche, via le smartphone ! C’est une opportunité immense pour les professionnels de santé qu'ils se doivent de saisir.", estime le médecin. Pourtant, la spécialiste Denise Silber déplore le manque d’initiatives qui règne en France : "Les Français sont ouverts et actifs en tant qu'utilisateurs, mais l'innovation dans la santé digitale est à la traîne, alors que le potentiel est là." Si elle reconnaît que les lourdeurs juridiques liées à la confidentialité des données de santé n’incitent pas à entreprendre, elle pense qu’il faudrait surtout que l’Etat simplifie les procédures de création d’entreprises...

Les perspectives de développement

Les communautés, les blogs, réseaux sociaux et plates-formes se développent et continuent de prendre de l’importance au sein du corps des médecins qui ont "toujours accordé une importance aux réseaux", explique Roberto Ascione. le spécialiste en conseil, média et communication dans le secteur de la santé et président de Razorfish Healthware, A côté de la confirmation de ces tendances, "beaucoup de nouveautés viennent se greffer à ce qui existe déjà. Il faut mentionner les objets connectés et de "quantified self". Mais ce qui est marquant est la multiplicité des outils", selon Denise Silber. Si Roberto Ascione constate que "les applications mobiles de santé sont de plus en plus utilisées par les patients", il imagine que les médecins puissent en être les prescripteurs. Pour Larry Chu, "la clé de l’avenir passera par l’innovation en vue d’améliorer les relations entre patient et médecin.". Il évoque l’approche "top down" qui s'efface pour laisser la place à la médecine participative, laquelle implique le patient, mieux informé et plus à-même de collaborer avec son médecin. Si tous les acteurs semblent avoir pris conscience des changements liés aux nouvelles technologies, tout le monde n'est pas prêt à modifier son comportement… Selon Larry Chu, "les patients sont ceux qui mènent le jeu dans l'utilisation des médias sociaux. Les autres acteurs tentent de comprendre comment fonctionnent ces outils et de se les approprier.".

La formation, clé de la réussite

En réaction à ce problème de compréhension des outils, Denise Silber préconise le recours à des formations pour le personnel médical. Larry Chu confirme cet avis, "Il faut que les médecins soient au courant de ce qui se fait et de ce que les outils numériques permettent d'améliorer au quotidien.". Denise Silber pense qu’il faut aussi qu'ils prennent conscience "des conséquences économiques de ces nouveaux modèles, et des potentielles augmentations de revenus qu'ils impliquent. En effet, certains outils facilitent les relations aux patients. Or, si les médecins n'ont pas conscience de tous ces aspects, rien ne les motive à se convertir aux nouvelles technologies.". Mais l’éducation à de nouvelles pratiques ne concerne pas seulement les membres du corps médical. Roberto Ascione évoque à propos de la confidentialité des données de santé et de l’anonymat, la nécessité d'éduquer les patients à modérer leurs propos sur les réseaux tout comme il avait fallu l’apprendre aux utilisateurs de Facebook dans les premières années. D'autres éléments pourraient favoriser une meilleure intégration digitale dans la santé. Mentionnons par exemple le rôle des investisseurs pour encourager l'initiative des startups, propose Denise Silber. Elle juge aussi central la position de l'Etat et souhaite qu’il contribue à  constituer une bibliothèque d'applications certifiées et en mesure de garantir leur qualité...