Partant de l’idée qu’en changeant d’environnement, les vampires seraient capables d’évoluer, Stephen King et Scott Snyder sont parvenus à tourner le dos aux spécimens issus de la vieille Europe et aux suceurs de sang charmeurs de midinettes. En renouant avec des créatures plus terrifiantes et plus sanguinaires, les auteurs invitent à suivre l’itinéraire d’une nouvelle espèce aux crocs plus longs et ne craignant pas le soleil, tout en parcourant différentes périodes de l’histoire des États-Unis. Après un passage en 1880, à l’époque de la conquête de l’Ouest, une suite qui se déroulait dans le Las Vegas des années 1930, une troisième salve qui se situait en pleine guerre du Pacifique et un quatrième volet qui se déroulait dans l’Amérique rockabilly des 50′s, cette suite directe se déroule en 1954, en parallèle des évènements d’ « American Vampire Legacy Tome 2 : Le réveil de Monstre ».
Le tome précédent abandonnait le lecteur en compagnie d’un Henry Preston gravement blessé et cette suite invite à suivre les pas d’une Pearl Jones bien décidée à venger son mari. Pour ce faire, elle rejoint l’organisation des Vassaux de Venus et se lance dans une vendetta visant à éliminer la colonie de vampires qui se cache à Los Angeles. Ce tome est donc bercé par l’action et propose quelques règlements de compte particulièrement violents.
Ce tome qui renoue à nouveau avec le monde du cinéma et d’un Hollywood gangrené par les vampires, propose une enquête policière qui réserve quelques surprises de format, notamment l’identité du chef de ce foyer de vampires, ainsi que le véritable rôle de Skinner Sweet. Si Snyder multiplie les rebondissements, il n’oublie pas non plus de soigner la psychologie de ses personnages. Si l’on retrouve Calvin Poole, l’ancien soldat noir qui œuvre pour le compte de Hobbes en tant que membre des Vassaux de Vénus, tout en constatant que Skinner Sweet est toujours une belle crapule, c’est le personnage de Pearl Jones qui gagne en profondeur et en charisme au fil des pages. À coups de flash-backs, l’auteur revient sur sa relation avec Henry et livre une héroïne certes déterminée, mais également psychologiquement fragilisée. Du bon boulot !
Au niveau du graphisme, le travail de Rafael Albuquerque s’avère à nouveau remarquable et d’une efficacité rare. Le Brésilien s’installe au diapason de l’ambiance, livre des protagonistes bien campés et déchire lors de chaque attaque de ses monstres. Son trait dynamique et nerveux accompagne parfaitement la sauvagerie dégagée par ces nouveaux vampires et permet d’offrir quelques scènes délicieusement féroces.
Parmi les comics incontournables du moment il y a probablement « Scalped », « Locke & Key » et « Saga », mais également cette série qui revisite le mythe des vampires, tout en mêlant habilement Histoire et fiction au sein d’un récit violent et sanglant.
Retrouvez d’ailleurs cet album dans mon Top de mois, ainsi que dans mon Top de l’année !