Titre original : Skins
Note:
Origine : Angleterre
Créateurs : Bryan Elsley, Jamie Brittain
Réalisateurs : Kaya Scodelario, Lily Loveless, Kathryn Prescott, Lara Pulver, Hannay Murray, Neil Morrissey, Olly Alexander, Jack O’Connell, Liam Boyle, Hannah Britland, Lucien Laviscount…
Genre : Drame
Diffusion en France : Canal Plus
Nombre d’épisodes : 6
Le Pitch :
À Londres, Effy Stonem occupe un poste sans avenir dans un fond spéculatif. Ambitieuse, elle arrive néanmoins à s’imposer auprès de sa direction qui lui offre une promotion. Dès lors, les choses s’accélèrent pour la jeune fille…
De son côté, également à Londres, Cassie Ainsworth tente de garder le cap, sans faire de vagues. Un garçon un peu étrange parvient néanmoins à la tirer de sa torpeur…
Enfin, à Manchester, James Cook bosse comme dealer pour un gangster notoire. Quand ce dernier lui présente sa petite amie, James tombe sous le charme et déclenche une réaction en chaîne impitoyable…
La Critique :
Il fut un temps envisagé de transposer les aventures des héros de Skins au cinéma. Visiblement, aujourd’hui, il semblerait que cette option ne soit plus d’actualité. À la place, les créateurs du show britannique, Bryan Elsley et Jamie Brittain, ont donc préféré mettre en chantier une ultime saison. Une saison mettant en scène trois des personnages les plus emblématiques de Skins, à travers trois chapitres distincts, intitulés Fire, Pure et Rise. Chaque partie étant composée de deux épisodes.
Effy, Cassie et Cook furent retenus. À noter qu’on ne retrouve ici aucun des protagonistes des saisons 5 et 6, ce qui n’est certainement pas plus mal, tant la réputation de la série s’est avant tout construite au travers des quatre premières saisons (il est bon de rappeler que Skins a mis en scène trois groupes distincts de personnages. Chaque groupe occupant deux saisons).
Le concept étant posé, intéressons-nous à chacune de ces trois parties.
Skins Fire
Voilà un nom qui convient à merveille à Effy Stonem, le personnage rebelle campé par la spectaculaire et intense Kaya Scodelario. Présente dès le début de la série, Effy Stonem fut dans un premier temps reléguée au second plan, alors que son frère, Tony (Nicholas Hoult) occupait le devant de la scène. C’est dès le troisième acte (saison 3 donc) que Effy devient un personnage principal, s’imposant comme le centre de gravité du show. Populaire pour son charisme indéniable, Effy l’est aussi pour ses problèmes psychologiques, responsables de l’assombrissement notable du ton de Skins. Traumatisée, inadaptée, torturée, convoitée ou encore tourmentée, Effy revient aujourd’hui sous une nouvelle forme. Droite, sérieuse, studieuse, elle est devenue adulte et à la grande surprise des fans, responsable. Co-locataire de Naomi, un autre personnage phare de la deuxième génération, Effy bosse dans un fond d’investissement londonien. Plus de bitures pour la jeune fille, mais une ambition vorace finalement tout à fait raccord avec sa personnalité de feu.
Fire ressemble ainsi à un thriller sulfureux. Prisonnier d’une enveloppe de glace, le feu nourrit un brasier grandissant, tandis que les vieux démons d’Effy préparent leur retour. Cachée derrière un masque d’une sociabilité feinte, Effy, on s’en doute, va rapidement se retrouver dans une situation difficile. Un thriller donc. Sulfureux bien sûr, sombre et dramatique.
Avec ce scénario taillé sur mesure, Kaya Scodelario fait des merveilles, donnant une ampleur nécessaire et bienvenue à son personnage. Mélange subtil de fragilité, de sensualité et de rage contenue, l’actrice impressionne et confirme qu’elle n’a pas usurpé la place qui est désormais la sienne dans le cinéma. Kaya Scodelario n’en finit plus de monter, discrètement mais surement, et finalement, ce double épisode en forme de long-métrage, peut tout à fait s’entrevoir comme l’expression de cet envol.
Plus digeste que certains des épisodes de la série centrés sur le personnage d’Effy, Fire dilue un charme venimeux et sait mettre en avant une rythmique maîtrisée, qui empêche les protagonistes de faire du sur-place. Il offre en outre au personnage une digne conclusion. Un personnage attachant, qui a su évoluer avec pertinence.
Skins Pure
Le public a fait connaissance avec Cassie dès le début de Skins. Jeune fille perchée, lunaire et incertaine, Cassie se détachait véritablement des autres protagonistes par cette capacité à incarner une folie douce insaisissable et déconcertante.
Grand amour de Syd (totalement absent ici), Cassie vit aujourd’hui à Londres, seule. Elle occupe un emploi de serveuse et cultive sa singularité. Ce qui invariablement, amène la jeune fille à s’isoler du reste du monde, elle qui provoque chez les autres soit l’indifférence, soit la méfiance.
Cependant, il y a ce type. Pas ce collègue entreprenant, mais cet autre gars, qui suit Cassie à son insu pour la photographier. Subjugué par la beauté atypique de la jolie blonde, ce voyeur n’est pas animé de mauvaises intentions, mais semble à la fois fasciné et effrayé par celle-ci. C’est alors que Cassie s’aperçoit que quelqu’un la suit à la trace, qu’un jeu du chat et de la souris s’installe. Un curieux jeu de faux-semblants assez raccord avec la personnalité de l’héroïne pour qui rien n’est amené à être ordinaire ou simple.
Porté par un lyrisme synonyme d’errances douces-amères, Pure est peut-être le plus faible des chapitres de cette septième saison. À moins d’être un inconditionnel de l’univers de Cassie, il est parfois difficile d’accrocher à la cette mélancolie certes charmante, mais un peu plombante également. Heureusement, certains personnages secondaires viennent quelque peu secouer les choses, mais globalement, Pure reste fidèle à ses intentions initiales.
Hannah Murray (en ce moment dans Game of Thrones, dans la peau de Vere), retrouve Cassie, avec un naturel appréciable. Un personnage qui lui colle à la peau, qu’elle sait néanmoins faire évoluer dans l’âge adulte, sans forcer. Déconnectée d’une réalité avec laquelle elle est néanmoins obligée de composer, Cassie est une survivante. Une âme qui a tendance a s’égarer, et dont les aventures possèdent un je-ne-sais-quoi d’envoutant. Ici plus que jamais.
Skins Rise
Expression parfaite d’une jeunesse britannique héritière des parangons du punk, James Cook a fait souffler sur Skins un vent de révolte et d’outrance, avec tout ce que cela sous-entend de violence exacerbée. Personnage phare de la deuxième génération, incarné par l’excellent Jack O’Connell, Cook n’était pas promis a un brillant avenir. Normal qu’on le retrouve à la solde d’un gangster, contraint de dealer dans les rues de Manchester. Avec le temps, Cook s’est fait discret. Normal si on se souvient de la dernière image de la saison 4 de Skins. Pourtant, il était logique d’envisager le jeune homme en leader. Pas en serviteur dévoué. Pas en espèce de valet obéissant et respectueux, dont la vie se résume presque à de longues rondes nocturnes, tel une version 2.0 de Travis Bickle, de Taxi Driver.
Le dernier chapitre de cette septième saison de Skins est le plus tendu. Celui qui s’approprie véritablement les codes du thriller. Un thriller froid, violent et sans trop de concessions. Totalement débarrassé des thématiques adolescentes propres à la série, le récit met en scène un homme pourchassé, apeuré et donc dangereux. Les inconditionnels du show connaissent la nature explosive de Cook. Ici, la colère boue sous une fine couche de vernis. Un vernis qui se craquèle au fil des minutes alors que le vrai Cook, celui qui fonce dans le tas, qui pose les questions après avoir fait parler ses poings, ne demande qu’à sortir au grand jour.
Meilleur des trois chapitres, Rise impressionne en permanence. Pour son atmosphère et son âpreté. Pour le jeu des comédiens, Jack O’Connell en tête, génial de bout en bout, et pour cette fin, incroyable et définitivement hardcore.
Panaché d’émotions, la saison 7 de Skins fait les choses en grand. On regrettera simplement l’absence d’autres personnages importants de la série, mais au fond, ce choix est compréhensible. Cette ultime saison met en avant le talent de ses créateurs, qui démontrent ici d’une capacité à faire évoluer leurs personnages sans trop regarder dans le rétro et ainsi éviter la redite. Désormais, Effy, Cassie et Cook ne sont plus des gamins perturbés. Ce sont des adultes qui tentent de s’en sortir. Pleins de bonne volonté, ils combattent tous les trois leurs démons. Cette lutte est au centre de cette brillante conclusion certes un poil inégale, mais globalement percutante.
@ Gilles Rolland
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