On sait que les saints et les saintes sont des coriaces, surtout lorsqu'il s'agit de ne pas renier leur foi et de mourir sur l'autel de Dieu. On sait aussi que beaucoup d'entre eux ont été pourchassés par les Romains qui ne juraient que par leurs rites païens et tenaient en horreur le monothéisme. En France actuelle, Lugdunum, l'actuelle Lyon est choisie pour être la capitale des Gaules ou plutôt des 3 Gaules (Belgique, Aquitaine et Lyonnaise), la Narbonnaise au sud en étant écartée. Mais voilà que dans cette cité complètement romanisée où les amphithéatres, les odéons et les aqueducs avaient fleuri, une communauté chrétienne avait éclos. En 177, on décide d'éradiquer ces 48 mauvaises herbes. Seulement, l'une d'entre elles nommée Blandine était un peu une Wonder woman des temps anciens.
Blandine, la sainte qui vous dit: "Même pas peur de mourir"
Au départ, tout se passe bien, ceux qu'on appelle aujourd'hui les martyrs de Lyon tombent comme des moustiques après un pshit pshit de bombe insecticide. Soit, on les fait croupir en prison ou soit ils sont livrés aux bêtes lors de spectacles super appréciés par les citoyens de l'empire: lions, panthères et autres félins à grosses griffes. C'est d'abord l'évêque Ponthin qui tombe le 2 juin. Le 25 juillet, Blandine entre sur scène. Je ne sais pas si vous connaissez le conte de Blanche Neige en dehors de Disney mais dans celui des Frères Grimm, la méchante reine doit s'y reprendre à 3 stratagèmes avant de la tuer avec une pomme empoisonnée avant qu'elle ne revive. C'est un peu ça l'histoire de Blandine, cette ancienne esclave guidée par le chemin de Dieu. Au départ, on la jette en prison pensant que le temps s'occuperait d'elle mais Blandine a le mental et ne se laisse pas avoir par ce piètre subterfuge. Sans nul doute, on passe par la suite à la deuxième étape: celle des animaux. Blandine arrive sous les risées du public, impatients jusqu'à la jubilation de voir des membres humains se faire déchiqueter en dégustant chips, sandwich au pâté et bière (désolé pour les anachronismes). Mais le mot coup de théâtre a pris tout son sens en ce jour d'été puisque les grosses bébétes décident de ne lui faire aucun mal. Ca ne marche pas donc il faut trouver autre chose. Si pour Blanche Neige, il eut fallu 3 tentatives, pour Blandine, il en nécessita 7, les deux premiers jokers étant écoulés. On décide donc de la torturer à mort et d'assister au massacre de ces compagnons. Traumatisme physique et psychologique, on lui aura tout fait. 4e tentative, les coups de fouet. Vous pensez bien que ce n'est pas ça qui allait l'achever. La méthode "douce" avait fait son temps, place à la méthode Schwarzeneger: le gril. Et oui, Blandine y fut jetée comme une vulgaire saucisse sur un barbecue (d'ailleurs, ce n'est pas la seule sainte à avoir subi ce terrible supplice, Sainte Foy de Conques eut le même sort et comme Blandine en réchappa). Tenace, elle ne lâche rien. On décide donc d'appeller un taureau et de placer Blandine dans un filet. Le taureau fonça comme un animal en rut (en fait, c'est un animal en rut) et la projeta en l'air avec ses cornes. Dites moi quelle femme réellement humaine peut survivre à ça? Blandine le peut elle en tout cas. C'est pourquoi l'hypothèse Blandine = Wonderwoman est de plus en plus plausible. Au final, c'est une bonne vieille épée qui allait l'emporter. Et de toute façon, au bout d'un moment, on est un peu tous pareils: on a envie qu'elle crève la Blandine. Aujourd'hui, elle est sainte patronne de Lyon et il est fort à parier qu'elle se prélasse dans son palais au paradis et qu'elle fait des doigts d'honneurs à tous ses anciens bourreaux.
Le lieu des châtiments