Allez savoir pourquoi, le 2 septembre 2008, le Vestiaire avait consacré Fred comme escroquerie du siècle de la ligue 1, Piquionne n’était que 2e. Une escroquerie du siècle, c’est du sabotage, du melon, le tout dans un grand club qui le présente comme une star. Six ans après en découvrant la composition de l’équipe du Brésil contre la Croatie on a eu comme un doute. Puis on a vu le match, c’était bien le même Fred, toujours nul à chier et capable d’escroquer cette fois un pays entier qui le prend pour une star. Souvenez-vous.
La Ligue 1 a souvent eu le chic d’attirer des noms glorieux, souvent survendus. Padovano avait l’excuse de l’âge, Adailton celle d’une réputation chez les espoirs. Pour Fred, l’histoire commence à l’été 2005, d’abord par un prix : 15 millions d’euros. Aulas ne le sait pas encore, c’est à peu près ce qu’il lui coûtera en Ligue des Champions les trois saisons suivantes. Pendant que sa femme fait son trou à Lyon, lui s’investit dans la médecine, entre blessures et nez cassés, mais jamais le sien. Dès que le niveau s’élève, qu’il n’a plus Sammy Traoré au marquage, l’avant lyonnais – comme l’appelle encore Aimé Jacquet – démontre son savoir-faire : plus une remise potable, des pertes de balle dans ses 30 mètres, un travail défensif qui rappelle la bande annonce de Fight Club et des choix judicieux. A côté de lui, même Djibrill Cissé passerait pour un apôtre du collectif.
Mais le benêt chevelu est malin, il sait se rendre indispensable aux yeux de son président, qui n’a peut-être pas compris que son départ l’est. Il a réussi sa première saison en championnat, avec 14 buts marqués. De quoi soigner sa réputation de buteur. Il s’y tient jusqu’à ce quart de finale à Milan, son premier chef d’oeuvre : priver le club d’un titre européen largement à portée, parce qu’on est un buteur qui ne marque pas. Premier doute, mais pas suffisant : Aulas veut le revendre cher et le croit encore bon.
Seconde saison, Fred se blesse mais garde son ratio avec 11 buts en 20 matches de L1. Il participe activement à l’hiver meurtrier 2006-2007 avant son second chef d’oeuvre, plus poétique que le premier, Lyon-Roma. Il devient remplaçant de Benzema et se blesse. Le coup de génie arrive à son retour de blessure : il marque en Coupe de France puis en championnat, devient ami avec Benzema en lui faisant quelques passes et convainc Perrin que le petiot n’est pas si mauvais à gauche.
Le retour sur investissement tombe contre Manchester. Même s’il n’est pas titulaire, il offre l’égalisation à l’aller et plombe les chances lyonnaises au retour. Au passage, il arrive à passer de rumeurs qui l’envoient en Russie voire à Paris qu’il traitera de prolétaire, à une demande de prolongation de contrat, qu’il obtient. La suite on la connaît, des buts au Brésil dans un championnat tout pourri, puis des buts avec l’équipe du Brésil quand ça compte pas, puis la Coupe du monde. Du grand art. Et s’il se présentait à la présenter à la présidence des Etats-Unis ?
Lyon aurait pourtant dû s’en méfier. Quelques semaines avant son arrivée, le joueur avait failli signer au grand FC Nantes de Le Dizet et Roussillon.
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