Office de tourisme de La Rochelle : les salariés expriment leur inquiétude

Publié le 13/06/2014 par Pierre-Marie Lemaire

Roselyne Coutant-Benier démissionne de la vice-présidence. Les salariés ne savent pas ce qu’ils vont devenir. L’enquête judiciaire est terminée et le parquet reste muet.

Les salariés ont brisé l’omerta hier : ils ont arrêté le travail une heure pour exprimer leur ras-le-bol.
© PHOTO XAVIER LÉOTY
Que se passe-t-il à l'office de tourisme ? Rien. Enfin, rien de spécial en apparence. Le président préside, les administrateurs administrent et les employés s'emploient à satisfaire des visiteurs que les hôtesses accueillent, les animateurs animent et les guides guident. La saison approche, chacun est à son poste.
Ce sourire de rigueur se crispe parfois. Un jour, ce sont des administrateurs qui s'irritent d'être mis sur la touche : le président a recruté un nouveau directeur, sans les informer ni les consulter. Un autre, des salariés anonymes s'inquiètent publiquement de leur avenir et d'un plan de restructuration dont ils n'attendent rien de bon.Dernier malaise en date, la démission de Roselyne Coutant-Benier. La patronne de l'Aquarium quitte son poste de vice-présidente faute de pouvoir être utile. « Le bureau ne s'est pas réuni depuis février. À quoi bon alors y rester ? » D'autres départs seraient imminents.Dix postes en moinsLes jours qui viennent s'annoncent tout aussi difficiles. L'administrateur judiciaire doit présenter aux 24 salariés le « plan de refondation » qu'il concocte depuis trois mois avec le président Constant. « Il ne s'agit que d'un projet, précise celui-ci, il sera discuté avec le personnel et leurs représentants. » Il n'en dira pas plus « pour respecter la procédure ».Ce plan, les intéressés l'ont déjà rebaptisé « plan social ». Si rien n'a filtré sur les mesures qu'il préconise, on sait que la réorganisation générale de l'office de tourisme, dans son fonctionnement comme dans ses missions, se fera dans la douleur. Elle se traduirait par la disparition d'une dizaine de postes et l'abandon de certaines prestations : boutique, centrale de réservation, congrès…Si plan il y a. Car les plus pessimistes redoutent une liquidation judiciaire directe de l'association avec licenciement de tout le personnel. Ce qui accélérerait sa disparition et sa renaissance sous un nouveau statut juridique, en même temps que la Communauté d'agglomération en deviendra le premier financeur, à la place de la Ville de La Rochelle.Le conseil d'administration a voté le plan de restructuration par 16 voix pour, 6 contre. Les opposants sont sans doute à rechercher parmi les hôteliers, loueurs de meublés et autres hébergeurs auxquels l'office n'offrirait plus les mêmes services qu'avant.Question à 700 000 eurosEt ces comptes à dormir debout, ce déficit de 700 000 euros surgi de nulle part en janvier ? Le procureur de la République de La Rochelle prédisait une enquête éclair de « quelques semaines, pas plus ». Identifier le(s) signataire(s) de ces emprunts contractés à l'insu de son plein gré par l'office de tourisme ne serait qu'un jeu d'enfant.Cinq mois plus tard, le mystère reste entier. La brigade financière de la police judiciaire a auditionné des dizaines de personnes, analysé des centaines de documents. Ses investigations sont terminées. La parole est aujourd'hui au parquet. Qui reste muet. Va-t-il classer la plainte sans suite, ouvrir une information judiciaire, renvoyer devant le tribunal correctionnel les auteurs présumés d'éventuels détournements ? Et qui ? On l'ignore toujours. On ignore même si le déficit est le résultat de malversations ou d'une pagaille monstre depuis des années dans la comptabilité…Faute d'information, les rumeurs batifolent. Si « on nous cache tout on nous dit rien », c'est qu'il y a forcément derrière tout cela… une vaste conjuration maçonnique ! Un grand classique du genre à haute valeur fantasmatique.