Un an de sarkozysme, mois d'avril 2008

Publié le 18 mai 2008 par Cc
Au mois d'avril, les temps sont durs pour les bloggueurs politiques. Sarkozy fait désormais dans le sobre. On ne le voit plus, désormais sur tous les fronts, il n'étale plus sa vie privée.

Vraiment ?

Pourtant, un mini scandale éclate encore : le 2 avril, on apprend que Sarkozy s'est inscrit en retard sur les listes électorales... Passe-droit ? "Comme disait Edith Piaf dans son fameux film qui a eu un Oscar, "A quoi ça sert que j'm'appelle Nicolas Sarkozy, si j'peux pas faire ça ? C'est vrai, à quoi ça sert ?"

En début de mois, Sarkozy se penche un peu sur l'agriculture et l'environnement. "Je rencontre les péquenauds de la FNSEA. C'est des péquenaud bling-bling ceux là. Ils ont des tracteurs avec un max de chevaux, qui polluent énormément. J'adore ! Pendant ce temps-là, les journalistes nous font croire que c'est pour l'environnement que les français adorent les petites voitures...L'environnement ! Si ces cons avaient les moyens de s'acheter des grosses bagnoles, ça se saurait..."

La France va mal. On ne cesse de nous le répéter. Le pouvoir d'achat, c'est une chose. Mais en plus, les caisses de l'Etat sont vides. Va t'on devoir faire des économies ? Que nenni ! "Non, pas de rigueur. Pas d'économie. Une réforme qui permettra des économies." C'est beau, la com' ! Pas de cafouillage, non plus : "Nous ne cafouillons pas sur les droits de l'homme au Tibet...ni sur les OGM, encore moins sur la carte famille nombreuse à la SNCF. Nous réajustons." En fait, tout n'est que stratégie de communication : "Un pas en avant, deux pas en arrière, c'est la politique du gouvernement...En fait, on lance une idée, puis on la retire, mais pendant ce temps, les gens s'habituent lentement et finalement, quand ça leur tombe dessus, ils ne disent plus rien..."

N'empêche que la vie est difficile pour tout le monde, surtout quand il faut aller pousser le chariot dans un magasin et passer à la caisse...et ne parlons pas du déremboursement des lunettes... "Roseline a raison : il ne faut plus rembourser les lunettes. Les français commencent à voir trop clair dans notre jeu..."

"Pour assumerce coût de la vie qui augmente, Moi et Carla, mais aussi tous mes amis qui possèdent des yatchs et des villas luxueuses, nous avons décidé de prendre dans la poche des pauvres, qui sont beaucoup plus nombreux, comme disait...Coluche."

C'est à cette époque que je découvre la dessinatrice Popette, qui résume bien la situation :


N'empêche qu'on fait quand même de gros sacrifices. Par exemple, le 9, la loi sur la mobilité des fonctionnaires est passée (quasiment innaperçu, d'ailleurs...la com', toujours la com') Cette loi permet entre autre à l'état de remercier un fonctionnaire si celui-ci reste deux ans sans poste. En gros, la sécurité de l'emploi pour les fonctionnaires n'existe plus. "Après la sécurité de l'emploi, je m'attaque aux vacances des profs. Il ne leur restera plus que leurs yeux pour pleurer." On l'appelle le "liquidateur"

Le dialogue social, même si le président voudrait qu'il soit idéal, ressemble plus à un monologue. La négociation ce n'est pas le point fort du gouvernement. C'est la politique des zigzag : "Social...J'aimerais l'être...Réformer l'Etat, j'aimerais le faire...mais dans le premier cas, je ne pourrais plus partir en vacances sur un yacht de luxe, ou louer une villa luxueuse...et dans le deuxième cas, je ne me ferai pas réélire la prochaine fois...Alors je fais des zigzags..."  (Source : L'individualisation des risques au cœur des réformes)

Les problèmes à l'intérieur s'accumulent : "Ah ! Les femmes ! Dans son lit ou au gouvernement, une femme est une somme d'emmerdements...Nathalie dit du mal de mes amis, (pan ! elle n'ira pas au Japon ! Na !) Cécilia me fait honte dans le pays de Carla (mais que faire pour régler ce problème d'Etat ?!), les femmes de France font des enfants et veulent avoir des réductions pour prendre le train...Mais y'a pu d'sous, maman..."
Question politique extérieur, Sarkozy, on l'a bien compris maintenant est plutôt atlantiste.Comme disait Charles qui avait pourtant de grandes oreilles : "Otan entendre ça plutôt que d'être sourd..."...En effet, à l'OTAN,  "Si les Américains y sont, alors, il faut qu'on y soit. On fait tout pareil que Bush comme il a dit."

A côté de ça, toujours à l'étranger, une polémique fait rage : J.O de Pékin, y aller ou pas. Rama Yade, qui ferait mieux de se taire, déclare : "pas de Nicolas Sarkozy au J.O de Pékin si les Chinois ne mettent pas fin aux violences contre la population et s'ils ne libèrent pas les prisonniers politiques, s'ils ne font pas lumière sur les événements tibétains et  s'ils n'ouvrent pas le dialogue avec le dalaï-lama." Les Chinois ont dit : "Bouhouhou...Nicolas ne sera pas là..."

Personne n'y croit, à ces déclarations de bonnes intentions, évidemment : les affaires commerciales entre l'Occident et la Chine sont bien trop importantes. "Comme les Chinois étaient très tristes de ne pas pouvoir rencontrer Carlita, on a décidé d'y aller quand même. Et puis j'ai eu certains de mes amis au téléphone, mes amis les patrons. Ils m'ont dit que les Chinois, ils étaient gentils..."

Il n'empêche que les militants des Droits de l'Hommes sont bien remontés et parviennent à pourrir complétement le parcours de la flamme à Paris (mais aussi à Londres, à San Francisco et un peu partout dans le monde.) Le gouvernement est forcément un peu dépassé : les forces de sécurité déployées n'ont pas du tout été à la hauteur...Je me plaisais à imaginer qu'après cette journée fort mouvementée, l'Elysée avait reçu un mail de la part des dirigeants de la République Populaire de Chine :

"Certes, vous êtes un jeune dirigeant, mais votre difficulté à gérer le bon déroulement d'une course d'un bonhomme tout seul, avec un flamme à la main, nous paraît étonnante. Vous aviez pourtant envoyé beaucoup de forces de l'ordre. C'est peut-être de la formation de ceux-ci que venait le problème. En Chine, croyez-nous, les manifestants auraient été autrement refroidis. Un tir de sommation et puis les chars. Et les journalistes, arrêtés, torturés, emprisonnés pendant quelques années pour leur faire passer le goût de la photo...En parallèle, dans ces cas-là, il faut prévoir beaucoup d'images d'archive, à diffuser pendant la retransmission en léger différé (une heure ou deux suffisent...). Enfin, il ne faut pas oublier de surveiller les historiens, afin que cet épisode ne se retrouve jamais dans les livres d'histoire. Et le tour est joué. M. Sarkozy, vous avez encore du chemin à faire pour être à la hauteur. On nous avait pourtant dit que vous aviez main mise sur la presse...Cependant, vous avez de bonnes bases, de bonnes prédispositions...Ne vous laissez pas distraire, vous y arriverez !"

Assez flippant...

Pour arranger les choses, la France envoie un interlocuteur de choix en Chine : Jean-Pierre Raffarin. "La pente sera difficile, mais il va falloir faire le marathon jusqu'à Carrefour quand même."

Pour finir en beauté la rubrique internationale, à la fin du mois, Nicolas s'est rendu en Tunisie. Cette fois, il ne commet pas l'erreur de parler de Droits de l'Homme, surtout pas... "J'aurais bien du mal à donner des leçons en matière de droits de l'Homme à mon ami Ben Ali : avec mon aide sociale à la baisse, avec mes travailleurs pauvres, avec mes expulsions de sans papiers...Non, moi, je lui ai dit, à Zine El Abidine...Quand on veut un salaire correct et des amis patrons heureux, il faut savoir faire quelques sacrifices..." Par contre, notre président se permet des propos totalement révoltants: "Qu'est-ce que j'ai voulu dire par là ? Oui, en France, on a l'intelligence. Ce qui ne signifie pas qu'on n'a pas de main d'oeuvre en France. Elle vient d'ailleurs parfois de Tunisie..." COUAC ?

Fin avril, Nicolas, se présidentialise encore un peu. C'est l'homme qui change chaque semaine. Et le 24, grand show télé, à la Chirac. L'occasion de faire son mea culpa, pile un an après le premier tour des présidentielles. "Mais comment c'est possible...depuis tout s'est cassé la gueule. Même la météo était meilleure, il y a un an..."

Le discours est contradictoire : certes, on a fait que des conneries, mais rassurez-vous, on ne va rien changer..."L'erreur de communication serait de ne pas reconnaître les erreurs du passé. La deuxième erreur de communication consisterait à faire croire qu'on va arrêter de faire les mêmes erreurs..."
Ce qu'on retient de ce mois, c'est finalement la longue liste de couacs. "Communication Outrageusement Urticante et Absolument pas Concertée." Bref, tout le monde dit n'importe quoi, n'importe comment. Mais cela va s'arranger : désormais, seul Sarkozy sera habilité à parler. Nous aurons donc des COUACs : "Conneries Officielles, Uniques et Affirmées par le Chef."

CC