Êtes-vous pessimiste, craintif, regardez-vous des deux côtés avant de traverser une rue à sens unique ?
Nous ne sommes pas toujours optimistes, ou pessimistes. Chaque jour, en divers moments, nous nous sentons gagnants, ou bons à rien. Selon nos attentes. Elles sont positives ? Nous sommes optimistes, persévérants, donnons le meilleur de nous-mêmes. « Je suis un gagnant, je gagne toujours, je gagne en tout ! » L’optimiste s’engage sur l’autoroute sans coup d’œil à l’angle mort. Du trop-plein d’optimisme naît parfois la témérité. Des problèmes surviennent ? « Bof ! Pas de problème ! Je n’y suis pour rien ; je n’avais pas assez étudié…, je suis nul en français, mais en math…,attends un peu la prochaine fois ! »
Nos attentes sont défaitistes, nous nous attendons au pire ? Nous sommes pessimistes. La moindre infortune nous abat, nous essayons moins, la fatalité nous obsède. « C’est ma faute, c’est toujours comme ça, je crains partout, tout le temps ! »Un succès survient : « Hein ! Comment j’ai fait, quel hasard, ce sera bien la seule fois ! »
Les recherches démontreraient qu’à priori, nous sommes optimistes. Nous nous marions sans penser au divorce, nous amorçons un emploi sans envisager le chômage. Cette tendance nous est favorable, nous permet d’avancer, d’établir des stratégies, d’atteindre nos buts.
En général, nous n’aimons pas les pessimistes invétérés. Ils sont rabat-joie. Pour plusieurs, le pessimisme signe la faiblesse, l’impuissance devant la fatalité. Un proverbe soufi affirme que l’optimisme vient de Dieu et que le pessimisme est dans le cerveau de l’homme. Dans Propos sur le bonheur, Alain écrivait : « Le pessimisme est d’humeur ; l’optimisme est de volonté. » Nous présumons acquis le pessimisme, le jugeons issu de l’éducation reçue et du niveau de pessimisme des parents et de l’entourage. Eh bien, détrompons-nous. Le pessimisme est dans nos gènes !
Dans une étude publiée dans le journal Psychological Science, la professeure Rebecca Todd de l’Université de la Colombie-Britannique a déterminé qu’une variante du gène ADRA2b amène certaines personnes à percevoir de manière particulièrement intense leurs expériences émotionnelles, les négatives surtout. Ce gène influe sur la production de norépinéphrine, une hormone essentielle dans la gestion des émotions, de l’attention et de la vigilance. En succession rapide, on présentait des mots positifs, négatifs ou neutres à 200 volontaires. Les porteurs de la variante ADRA2b remarquaient plus aisément les mots négatifs que les autres. À noter que les deux groupes percevaient mieux les mots positifs que les neutres. Selon la professeure Todd, les porteurs de cette variante pourraient mieux que les autres repérer les gens en colère dans un groupe ou identifier les dangers potentiels d’un environnement, au lieu de jouir de sa beauté.
Y aurait-il aussi un gène pour l’optimisme ? Les chercheurs s’y intéressent, recherchent des variantes génétiques qui agiraient sur la production de dopamine, une hormone liée au plaisir, ou de l’ocytocine, molécule importante dans le développement de liens sociaux.
Le pessimisme est donc dans nos gènes ! Du moins en partie. Car, à l’évidence, ils ne sont qu’une variable dans l’équation. Ils prédisposent peut-être, mais d’autres facteurs agissent, l’éducation et les expériences de vie par exemple, qui influenceront notre perception du monde. Nos présomptions n’ont pas tout faux.
Le réalisme est donc de bon goût. L’écrivain américain William Arthur Ward l’imageait ainsi : « le pessimiste se plaint du vent, l’optimiste espère qu’il va changer, le réaliste ajuste les voiles. »
Une assertion un brin défaitiste pourtant. Que serait la vie sans une larme de rêves ? À moins de tomber dans l’innocence naïve, un soupçon d’optimisme servira nos aspirations. De toute manière, comme l’affirmait Jack Penn, chirurgien plastique, sculpteur et écrivain d’Afrique du Sud, « mieux vaut être optimiste et se tromper que pessimiste et avoir raison. »
Inspiré de :
http://www.lapresse.ca/sciences/genetique/201310/11/01-4698926-le-gene-du-pessimisme-identifie.php
Citations : Evene.fr
© Jean-Marc Ouellet 2014